" - On a eu notre première grosse panne de courant dans les nouveaux locaux, ce matin. Presque tout a sauté : l’énergie pour les trams dans le dépôt, les onduleurs pour le réseau informatique…
- Vous avez mis longtemps à trouver la cause ?
- Pas trop, non. Mais plusieurs heures pour réparer. Quelques disjoncteurs 750 volts à changer, mais surtout pas mal de nettoyage à faire, sous peine de faire tout sauter de nouveau en remettant le jus.
- Nettoyer ? Pourquoi, qu’est-ce qu’il s’est passé ?
- Un p'tit gris qui a voulu visiter la sous-station électrique. Sans doute un jeune, pas trop prudent. Putaing ils sont cons, aussi ! On leur a mis des avertissements partout, des banderoles "danger de mort", des alarmes… Eh bien non, il faut qu’ils aillent visiter à tout prix ! Bon, d’accord, ils ne savent pas lire, mais quand même !
- Mais euh… Il a forcé la porte ? Les alarmes ne se sont pas déclanchées ?
- Non non. Il est passé par le toit, puis par un regard d’aération. Faut dire que ça chauffe un max, les transfos.
- Et alors ? Il s’est amusé à faire sauter les disjoncteurs, et c’est tout?
- Bin euh non, pas vraiment… Mais bon, on étouffe l’affaire, alors… Tu répètes rien, hein ?
- Non non, promis, tu me connais. Vas-y, raconte !
- Eh bien, je dirais plutôt qu’il s’est fait sauter sur les disjoncteurs. En descendant par le regard, les premières choses sur lesquelles il a pris pied, ce sont les fameux disjoncteurs. Remarque, il n’a sans doute pas eu le temps de souffrir.
- Attends, deux minutes, là… Tu es en train de me dire qu’il est mort?
- Bin, qu’est-ce que tu croyais ? Il s’est posé directement sur plusieurs fois 750 volts, ça a du faire un bel éclair…
- Et tu me dis ça comme ça, tranquille, en rigolant, toi !
- Ouahoo attends, hé, il y en a plein le quartier, des comme celui-ci ! Alors un de plus, un de moins…
- Je n’y crois pas… C’est dingue ça ! Et je n’ai vu aucune agitation particulière, en arrivant. Pas de police, pas de journalistes ?
- Ah non, hein ! Je t’ai dis qu’on avait réglé ça en interne. Il est mort, il est mort, point. C’est pas en en faisant tout un patacaisse que ça va le ressusciter ! De toutes façons, une mère ne reconnaîtrait même pas ses petits, par ici. Ils se ressemblent tous, tu vas voir que personne ne se rendra compte de sa disparition…
- Bon, admettons. Et le cadavre, vous en avez fait quoi ?
- Le plus gros problème a été de le décoller. Il en restait à peine un morceau pas encore grillé, c’est comme ça que je sais qu’il était gris. Le reste était devenu tout noir ! Un gris noir, hu hu hu, trop fort…
- Bon appétit.
- Ca ressemblait à une grosse merguez oubliée sur le barbecue, tu vois? Carbonisée, soudée à la grille... Enfin bon, à force de racler, on a pu enlever le plus gros et changer les pièces.
- Beurk. Et ta merguez, tu l'as enterrée où?
- Alors ça, rien de plus simple. Les travaux d'aménagement ne sont pas terminés, il y avait de la terre toute retournée juste au bord de la sous-station, le travail était pré-mâché. On a garé un bus devant pour cacher le boulot, et voilà.
- ...
- Oui mais bon, tu imagines, aussi? Maintenant, à chaque bavure, les journaleux s'en mêlent, ça dégénère, c'est le bordel. Il manquerait plus que la SPA soit mise au courant, et alors là je te dis pas: Brigitte Bardot qui fait sa crise, les écolos qui manifestent devant nos trams, la CGT qui pose un préavis à l'EDF pour demander la modification de tous les transfos, etc!
- Je ne te suis plus, là... Quel est le rapport avec la SPA?
- Bin... Le chat, voyons! Le chat gris!!
- Le chat...?
- Bien-sûr! Tu pensais à quoi, toi, là?
- Hein? Heu, rien rien, non. Le chat. Le petit chat gris...
- Bon, eh bien moi je vais reprendre des saucisses! "
- Vous avez mis longtemps à trouver la cause ?
- Pas trop, non. Mais plusieurs heures pour réparer. Quelques disjoncteurs 750 volts à changer, mais surtout pas mal de nettoyage à faire, sous peine de faire tout sauter de nouveau en remettant le jus.
- Nettoyer ? Pourquoi, qu’est-ce qu’il s’est passé ?
- Un p'tit gris qui a voulu visiter la sous-station électrique. Sans doute un jeune, pas trop prudent. Putaing ils sont cons, aussi ! On leur a mis des avertissements partout, des banderoles "danger de mort", des alarmes… Eh bien non, il faut qu’ils aillent visiter à tout prix ! Bon, d’accord, ils ne savent pas lire, mais quand même !
- Mais euh… Il a forcé la porte ? Les alarmes ne se sont pas déclanchées ?
- Non non. Il est passé par le toit, puis par un regard d’aération. Faut dire que ça chauffe un max, les transfos.
- Et alors ? Il s’est amusé à faire sauter les disjoncteurs, et c’est tout?
- Bin euh non, pas vraiment… Mais bon, on étouffe l’affaire, alors… Tu répètes rien, hein ?
- Non non, promis, tu me connais. Vas-y, raconte !
- Eh bien, je dirais plutôt qu’il s’est fait sauter sur les disjoncteurs. En descendant par le regard, les premières choses sur lesquelles il a pris pied, ce sont les fameux disjoncteurs. Remarque, il n’a sans doute pas eu le temps de souffrir.
- Attends, deux minutes, là… Tu es en train de me dire qu’il est mort?
- Bin, qu’est-ce que tu croyais ? Il s’est posé directement sur plusieurs fois 750 volts, ça a du faire un bel éclair…
- Et tu me dis ça comme ça, tranquille, en rigolant, toi !
- Ouahoo attends, hé, il y en a plein le quartier, des comme celui-ci ! Alors un de plus, un de moins…
- Je n’y crois pas… C’est dingue ça ! Et je n’ai vu aucune agitation particulière, en arrivant. Pas de police, pas de journalistes ?
- Ah non, hein ! Je t’ai dis qu’on avait réglé ça en interne. Il est mort, il est mort, point. C’est pas en en faisant tout un patacaisse que ça va le ressusciter ! De toutes façons, une mère ne reconnaîtrait même pas ses petits, par ici. Ils se ressemblent tous, tu vas voir que personne ne se rendra compte de sa disparition…
- Bon, admettons. Et le cadavre, vous en avez fait quoi ?
- Le plus gros problème a été de le décoller. Il en restait à peine un morceau pas encore grillé, c’est comme ça que je sais qu’il était gris. Le reste était devenu tout noir ! Un gris noir, hu hu hu, trop fort…
- Bon appétit.
- Ca ressemblait à une grosse merguez oubliée sur le barbecue, tu vois? Carbonisée, soudée à la grille... Enfin bon, à force de racler, on a pu enlever le plus gros et changer les pièces.
- Beurk. Et ta merguez, tu l'as enterrée où?
- Alors ça, rien de plus simple. Les travaux d'aménagement ne sont pas terminés, il y avait de la terre toute retournée juste au bord de la sous-station, le travail était pré-mâché. On a garé un bus devant pour cacher le boulot, et voilà.
- ...
- Oui mais bon, tu imagines, aussi? Maintenant, à chaque bavure, les journaleux s'en mêlent, ça dégénère, c'est le bordel. Il manquerait plus que la SPA soit mise au courant, et alors là je te dis pas: Brigitte Bardot qui fait sa crise, les écolos qui manifestent devant nos trams, la CGT qui pose un préavis à l'EDF pour demander la modification de tous les transfos, etc!
- Je ne te suis plus, là... Quel est le rapport avec la SPA?
- Bin... Le chat, voyons! Le chat gris!!
- Le chat...?
- Bien-sûr! Tu pensais à quoi, toi, là?
- Hein? Heu, rien rien, non. Le chat. Le petit chat gris...
- Bon, eh bien moi je vais reprendre des saucisses! "
(Bien entendu, tout ceci n'est que pure fiction...)
1 commentaire:
C'est bien écrit, on y croit jusqu'à la fin même si c'est un brin cynique :-)
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