vendredi, novembre 20, 2009

Perou VII (et FIN !): Machu Picchu

Retour dans le « Pérou des champs »…


(Note : si vous commencez votre lecture, mieux vaudrait débuter par « Pérou I », tout en bas… Certaines photos sont « cliquables » et donnent accès à la galerie correspondante. Bon courage !)


Dernier week-end. Départ le matin en bus « collectivo » pour Ollantaytambo. Parlons un peu transports

Dans le haut de gamme, on trouve les bus de ligne type « Cruz del Sur », au service digne d’une compagnie aérienne ; transporte essentiellement des touristes. En-dessous, on a des bus de ligne toutes distances, avec plusieurs niveaux de confort. L’entrée de gamme, clairement destinée aux Péruviens, permet de voyager à peu près partout pour vraiment pas cher ; par contre, confort limite, surcharge, risque de vols…

Les voitures particulières sont très rares. Ici, c’est bus, « collectivo » ou taxi. Les vrais bus de ligne partent (à peu près) à l’heure, souvent de terminaux centralisés (« terminal terrestre »). Les « collectivos » sont des minibus qui partent (généralement depuis un terminus pour chaque entreprise) une fois qu’ils sont suffisamment pleins. Parfois, comme ce matin, ils ne partent que totalement pleins… Enfin, je croyais ! Car en cours de route, succession d’arrêts et on charge, on charge encore. Couloir plein, porte qui ne ferme plus : ce n’est pas grave, tant que ça roule !

Au moins, ça, c’est sympa. Oh bien-sûr, on reste un gringo, mais un gringo qui prend le collectivo est déjà un moins mauvais gringo. Parfois, quelqu’un s’intéresse à toi, te demande d’où tu viens… Puis, si le courant passe, te pose des tas de questions sur ton pays, ton argent, ton travail et le reste, comme avec cet élève de Pisac sortant de l’école ou cette jeune fille qui, après quelques questions-réponses, dira un « cuidate » (prends soin de toi) qui, même si c’est une formule habituelle, fait chaud au cœur. Au moins pour ces deux-là aurais-je redoré le blason des gringos !


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Ollantaytambo est, d’après le Routard, le dernier village à avoir gardé la disposition exacte du village inca. Les ruelles n’ont pas changé, les bases des murs sont les mêmes, les pavés et les rigoles aussi. Rues parfaitement rectilignes, espacement régulier de l’une à l’autre, c’est tout l’inverse de nos villages moyenâgeux français.


Au-dessus domine une forteresse, l’une des dernières à avoir résisté aux Espagnols alors qu’elle n’était même pas achevée. Encore un joli site inca, intéressant pour ressentir le niveau technique et l’organisation rigoureuse de ce peuple dont, hélas, tout le savoir a été perdu par la conquête espagnole…



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Perurail. Compagnie ferroviaire revendue à la compagnie internationale de « l’Orient Express »… De Cusco, deux lignes.

L’une à destination de Puno : Perurail a supprimé les trains de passagers standards pour ne créer qu’un service de grand luxe pour touristes fortunés.

L’autre ligne a pour destination essentielle « Aguas Calientes », même si certains trains vont plus loin. Aguas Calientes est une ville coincée au fond d’une profonde vallée, n’est desservie que par le train, mais est surtout le point de départ du chemin montant au Machu Picchu. Le train y est donc le seul moyen de transport (même s’il est possible de trouver un autre itinéraire par Santa Maria, mais prenant une journée de trajet), c’est sans doute pour cela que la compagnie Orient Express a bien compris l’intérêt de racheter la ligne. Un aller-retour Cusco – Aguas Calientes coûte donc environ 82 $ pour le service le moins cher…


Aguas Calientes est vraiment un bout du monde, construit autour de la ligne et de sa gare, consacrée uniquement au tourisme pour Machu Picchu. Une rue principale, des hôtels et restos partout, un immense marché artisanal et une armée de minibus faisant la liaison avec le site tant convoité (moyennant une cinquantaine de Soles l’aller-retour).

Comment aurais-je pu venir au Pérou et ne pas visiter Machu Picchu ? Cette ville perdue, oubliée pendant des siècles ; ce fantasme des cités perdues devenu réalité… Les Mystérieuses Cités d’Or, Esteban, Zia, Tao…


Voyant la fin du séjour approcher, j’ai préféré faire une croix sur quelques jours à Lima (« la capitale la plus laide l’Amérique du Sud », dixit une copine globe-trotteuse) et prolonger Cusco. De plus, au lieu de me taper 20 à 22 heures de bus pour rallier Lima, j’ai acheté un vol en A 319 qui me prendra une petite heure. J’allais donc pouvoir terminer ce voyage en beauté ! J’aurais aussi pu choisir de faire le « trek du Chemin de l’Inca » à pied. J’aime marcher, mais ne pas perdre trop de temps… Là, cela aurait été trois ou quatre jours de marche (et 300 $ d’agence).

Comme je voulais quand même « mériter un peu mon Machu Picchu », je me suis levé alors qu’il faisait encore nuit pour attaquer à pied le chemin vers la cité oubliée, avant que ne démarrent les premiers bus. C’était un peu mon calvaire, ma pénitence pour espérer être récompensé par un beau ciel bleu sur ces ruines mythiques. Comme souvent, Il m’a exaucé.


Quant au site lui-même, je laisse parler les photos. Le lieu est magique, absolument insoupçonnable depuis la vallée. La végétation tropicale de la région le cache comme elle l’a protégé pendant des siècles ; on comprend que les Espagnols ne l’aient jamais découvert !



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En conclusion…


Je ne peux pas dire que j’ai été déçu (je n’aurais pas le droit de l’être : on prend un pays comme il est !), mais il est vrai que j’ai été surpris. Pas grand-chose ne ressemble aux images que j’avais en tête…

On parle d’inégalités en France, ou de difficultés au travail ? Que l’on vienne donc voir un de ces nombreux pays, comme le Pérou, où les inégalités sont vraiment immenses. En arrivant à Madrid, les patrons du petit hôtel s’étonnaient que j’aie passé trois semaines seul au Pérou (ce n’est pourtant pas grand-chose, à côté de ceux qui passent des mois à faire le « routard »). L’un d’eux m’a dit : « bienvenue dans un pays « normal » et civilisé… »

Bien-sur, je n’ai pas apprécié l’insécurité permanente du « Pérou des villes » et du « Pérou de la côte » (Lima, Nasca…). Bien-sûr, je n’ai pas aimé devoir surveiller à chaque instant mes arrières ; je n’ai pas aimé non plus prendre un taxi en me demandant « et celui-ci, est-ce un vrai, ou va-t-il m’amener en banlieue me faire dépouiller ? » (oui, ça arrive et il est recommandé de demander à un policier de choisir le taxi, ou de le faire appeler depuis l’hôtel).

Il est vrai aussi que j’ai eu ras-le-bol du démarchage excessif des touristes, même s’il est tout-à-fait compréhensible au vu des immenses besoins des Péruviens. Mais quelques milliers de touristes suffiront-ils à aider les millions de Péruviens qui n’ont guère d’espoir de développement ?


A côté de cela, j’ai vu des paysages grandioses, des cieux d’une grande pureté. J’ai visité des sites magiques, preuves des richesses intellectuelles immenses de ces civilisations disparues, dont les Péruviens d’aujourd’hui sont pourtant les descendants.

J’ai rencontré des routards passionnés venant de pays variés ; j’ai apprécié l’accueil franc, naturel et chaleureux de cette famille de Tapay. J’ai aimé les contrastes de ce pays, les villes où cela grouille et court dans tous les sens, les campagnes où l’on prend tout son temps. J’ai adoré ce petit bout d’Amérique du Sud, ce continent qui, pour nous, semble être vraiment un autre monde, où tant de choses sont différentes, où tout est bricolé, rafistolé, trafiqué, où d’autres pays m’attendent avec tant à découvrir.

Pour conclure, j’emprunterai les mots des rédacteurs du guide du Routard :

« L’Amérique du Sud est l’un des rares endroits où le mot « aventure » ait encore un sens. C’est à la fois une aventure personnelle et une expérience importante, mais de toute façon ce n’est sûrement pas ce que vous avez imaginé, et c’est pour cela qu’il faut y aller… »



samedi, novembre 14, 2009

Cusco et le Pérou Inca

Route agréable entre Puno et Cusco, à travers la pampa, traversant des paysages purs et immenses. Après un col à 4350 mètres, une nouvelle vallée très différente (plus verte, plus peuplée) redescend vers la vallée de Cusco. Quelques visites en cours de trajet dont Raqchi puis Andahuaylillas


Note : si le trajet en bus de tourisme coûte environ 80 soles, le même trajet en train coûte… plus de 630 soles (220 $, env. 155 €) ! Evitez donc le train…



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Cusco (ou Cuzco en orthographe « hispanisée »).

Un peu moins de 300 000 habitants, 3400 mètres l’altitude, plusieurs milliers de touristes. Le quartier historique est grand, il y a beaucoup à voir dans Cusco même et encore plus dans les environs qui regorgent de sites incas.

Avantage du tourisme de masse : la ville est propre et bien gardée ; en respectant les règles de sécurités élémentaires, on ne doit pas risquer grand-chose. Inconvénient : les prix sont bien plus élevés que ce que j’ai rencontré jusqu’ici. Le touriste, qui amène en masse dollars, yen ou euros, est parfois exploité à la limite de la décence.

Le pire exemple étant Machu Picchu dont, à quatre jours de mon départ, je me demande encore comment je vais le visiter. Le prix du site est déjà cher, mais les prix de l’unique compagnie ferroviaire sont franchement du « racket ». Pas moyen de passer outre, puisqu’à pied il est obligatoire de passer par une agence et le « trek » coûte des centaines de dollars (note : Antoine a réussi à tout faire à pied sans agence, mais cela prend des jours et n’est pas vraiment autorisé). De plus, l’argent récolté par « Perurail » ne va même pas dans les poches locales, puisque c’est la compagnie internationale « Orient Express » qui en est la propriétaire. « Le train le plus cher du monde », d’après le Routard…



Mise à part ce petit coup de gueule, la ville est magnifique. Déjà, sa situation dans un cirque où débute une superbe vallée a naturellement incité les Incas à y fonder la capitale de leur empire.

Les espagnols (et leurs religieux) ont ensuite voulu faire un exemple en détruisant tout ce qui était inca, mais ont tout-de-même reconstruit une ville exceptionnelle. Quel dommage qu’ils n’aient pas su s’imposer sans détruire ! Mais bon, on ne peut réécrire l’Histoire…


Comme toutes les villes d’influence espagnole, Cusco vit autour de sa Plaza Mayor, vaste et entourée de magnifiques immeubles à arcades et balcons. En quittant la place par l’Est ou le Nord-Est, on trouve deux quartiers plus « humains », aux petites ruelles pavées et aux pentes fatigantes : San Cristobal, quartier calme où je dormais, et San Blas, plus animé et touristique mais toujours agréable (grand choix de bars et restos).



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Mais au fait, que mange-t-on au Pérou ?

Je n’aurais pas la prétention de faire une liste exhaustive, voici simplement les grosses tendances, selon mes goûts.

- Du poulet, beaucoup de poulet. Sandwiches, hamburgeses, escalope pannée, divers morceaux pannés et fris, poulet en sauce avec du riz, poulet avec des spaghettis à la chinoise, j’en oublie…

- Beaucoup d’influences de la cuisine chinoise. Certains restos sont totalement asiatiques, mais beaucoup font un mélange « chinois –péruvien ».

- Riz (souvent parfumé et ferme, très bon) et pommes-de-terre (généralement insipides) quasiment dans tous les plats.

- Divers potages ou soupes en entrée, certaines soupes de quinoa étant parfois délicieuses.

- J’arrête le « lomo » (bœuf…) sous ses diverses formes : viande bouillie, rarement bonne et semblant souvent peu fraîche, je ne peux plus le sentir.

- Tout plein de plats mélangés où on ne sait pas trop ce qu’on mange (peut-être parfois vaut-il mieux ne pas savoir quand on aime, comme moi, manger dans de petits boui-bouis populaires)

- Hygiène souvent plus que « limite » selon nos critères occidentaux. Même mon estomac que je croyais résistant à toute épreuve a fini par chopper une bactérie plus virulente que les autres !

- Petites sauces plus ou moins pimentées et de diverses couleurs sont proposées avec à peu près tous les plats. Attention, certaines peuvent être surprenantes.

- Plein de spécialités d’une région à une autre. J’ai goûté la viande d’Alpaga : pas mauvaise mais très salée. J’ai aussi essayé le Cuy, gros cochon d’Inde servi généralement entier : bizarre, pas vraiment mauvais, mais cher et plus « folklore » que réellement populaire…

- Les petits pains vendus en tas sur le trottoir sont souvent très bons. Là encore, l’hygiène ferait peur à certains français maniaques.

- On boit des « chicha », à base de maïs violet, je n’ai pas tout compris. Enfin, ça se laisse boire, mais j’ai l’impression que c’est coupé avec de l’eau (non bouillie), d’où risque pour un organisme non habitué. On boit beaucoup de bière, même si proportionnellement au niveau de vie, elle semble assez chère. Je trouve la Cusqueña excellente (surtout en ambrée).

- Pour mieux supporter l’altitude, j’ai bu pas mal de « mate de coca », une bête infusion de feuilles de coca ; bon et efficace. Le « mate de muña » est encore meilleur, mais plus rare.

En bref : cuisine très variée et, si l’on y met le prix, pouvant être très bonne. Par contre, dans les petits boui-bouis pas chers, on retrouve toujours un peu les mêmes mélanges.


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Depuis Cusco, les sites incas sont nombreux sans aller très loin. Ils peuvent tous être inclus dans un même abonnement touristique (sauf Machu Picchu, plus loin et plus cher).

Un site déjà impressionnant se trouve à 30 minutes à pied de Cusco : Sacsayhuaman. Forteresse, temple, les explications varient selon les guides. De même pour les techniques ayant permis aux Incas de tailler et déplacer d’aussi énormes blocs de pierre, il suffit de laisser trainer les oreilles près des groupes touristiques pour entendre des explications pour le moins… variées (allant jusqu’aux extra-terrestres, comme à Nasca).


Il ne faut pas se contenter de regarder le site dans son ensemble, mais prendre le temps de « discuter » avec les pierres. Admirer leur ajustement parfait, mais aussi des petits détails, des traces ici ou là, etc…


Une autre partie du site, très différente, présente une sorte d’amphithéâtre ainsi qu’un petit labyrinthe dans la roche, très amusant. Plus loin sur la même route, d’autres sites plus petits mais tous bien différents : Q’enqo (ou Kenko) semble être un centre religieux dans et autour d’un énorme rocher traversé par deux tunnels ; on y trouve un superbe autel pour les sacrifices. Pucapucara est une simple forteresse sur la route du site suivant : Tambomachay, le « bain de l’Inca » d’où coule une source sacrée…


Plus loin (45 minutes de bus depuis Cusco) se trouve Pisac. Encore un site très varié, caché dans la montagne. Aujourd’hui, on peut y monter en taxi ou car de tourisme, mais avec Patrick (blog ici), routard rencontré à Cusco avec qui j’ai partagé cette journée, nous avons préféré l’ascension à l’ancienne, entièrement à pied (1h30, mais c’est raide !).


Différentes ruines, forteresses, terrasses, habitations et un centre cérémoniel. Aussi un immense cimetière dans la falaise faisant face au site (plusieurs milliers de tombes troglodytes). J’ai particulièrement été impressionné par la rigueur et l’esthétisme des terrasses ; non seulement leur construction est rigoureusement parfaite et régulière, mais leurs courbes démontrent une incontestable recherche d’élégance… Esthétique qui ne nuit pas à l’efficacité, puisque rien n’a bougé depuis des siècles, malgré les tremblements de terre dont a souffert la région.



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Cette fois, ça y est, je fais un rejet. Je sature. OK, je suis un touriste gringo plein de fric ( ? ). OK, ils ont un niveau de vie plus bas que le mien, il faut bien que tout-le-monde vive. Sauf qu’il y a un moment où, même en intégrant tout cela, ce démarchage incessant n’est plus supportable.

Depuis quelques heures, j’ai du refuser à une centaine de cireurs de pompes, à peu près autant de propositions de « masaje », voire « masaje especial ». Mais aussi à des dizaines de vendeurs de : lunettes, disques, peintures, sans compter les vendeuses d’artisanat à chaque mètre, etc… Ajoutons à cela la fausse paysanne et son alpaga qui posent pour un sol, le pseudo-Inca en tenue qui te prend par le bras…


Encore à l’instant, je viens de payer 15 soles (le prix de deux repas à Lima) pour avoir simplement le droit d’entrer dans la petite église de San Blas ; même les photos sans flash n’y sont pas autorisées. Quinze soles, simplement parce que je suis un gringo ; les locaux entrent librement. A la seconde où j’ai poussé la porte avec mon ticket, trois « guides » ont couru après le pigeon que je suis pour essayer de me vendre leurs services (cette fois, je les ai renvoyés balader, qu’ils payent pour les autres !).

Non, vraiment, il est un moment où ça ne fait plus rire personne. Patrick, avec qui j’ai visité Pisac, disait fort justement : « Il était temps de venir, ça commence à devenir Inca-land… »


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Cusco serait pourtant une ville magnifique et charmante. Ses petites ruelles mélangées de quelques murs incas surmontés de constructions coloniales. Ses escaliers biscornus, ses fenêtres bancales, ses balcons superbes et variés… Sans doute y a-t-il plein de Cusqueños sympas et honnêtes, faisant leur travail sans abuser.

Sauf que voilà, c’est tellement gâché par les excès que prendre mes photos devient difficile, presque impossible. Du coup, plein d’images en tête de cette ville, mais peu de photos réellement représentatives. En espérant que le tourisme et l’exploitation parfois indécente des gringos qui en découle ne pourrissent pas complètement cette ville qui pourrait être exceptionnelle…



dimanche, novembre 08, 2009

Perou V: en route pour le Titikaka


Les petits hôtels genre « routard », c’est parfois idéal pour faire des connaissances. Les personnes qui choisissent ces petits hôtels pas chers mais bien placés sont souvent curieuses de découvertes et de discussions avec d’autres cultures.

Pour cela, mon petit hôtel d’Arequipa a donné de bons résultats ! Par exemple, pour faire connaissance d’un grec, artiste « designer » de vêtements, venu monter son entreprise au Pérou. Ou encore passer une soirée avec une japonaise passionnante à essayer de discuter en un mélange d’Espagnol – Anglais à propos du Pérou, de l’Espagne, du Japon, de ses projets, etc… sans compter toutes les autres nationalités que j’ai croisées !


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La route entre Arequipa et Puno, pour rejoindre le lac Titikaka, passe par de hauts plateaux ( cols autour de 4700 mètres ) semi-désertiques. Suivant l’aridité du lieu, on y croise des alpagas, des moutons et surtout des adorables petites vigognes.

Ici ou là, ces hauts plateaux sont ponctués de zones humides, voire d’oasis. Dans ces zones, on peut apercevoir toutes sortes d’oiseaux ; il y a des réserves protégées où l’amateur de chasse-photo doit pouvoir se faire plaisir.


Comme toujours, ce pays est étrange.

Quand on se croit en plein désert, il suffit de regarder une pierre pour y voir une petite pyramide d’autres pierres ; partout ou presque !

De même, là où l’on pourrait penser que la région n’est pas vivable, on aperçoit toujours quelqu’un qui va Dieu seul sait où. Toujours au milieu de nulle part, là où rien ne semble pousser, vivotent des petits villages tels ceux qu’on imagine grâce aux westerns…


Avant Puno, Juliaca est la plus grosse ville de la région (240 000 habitants environ, altitude 3900 mètres). Dieu merci, le bus se contente de la traverser… Qu’a-t-il bien pu se passer ici ? Une guerre ? Un ouragan ? « El Niño » aurait-il fait des siennes ici plus qu’ailleurs ? A part la route principale empruntée par le bus, tout semble n’être que rues défoncées, tas de briques, maisons en éternelle (re-)construction… Ici, des gamins crados jouent dans la terre des rues ; là, un homme et une femme se battent pour un « vélo-carriole » (45 000 tricycles recensés : au moins, c’est écolo !). Une voie ferrée traverse cette immense ville-banlieue de part en part, sur laquelle les gens commercent et les enfants jouent, ne s’en écartant que lorsqu’un rare train y circule, toutes cornes sonnantes, un peu comme sur les images que l’on a des pays du tiers-monde (pardon : « PVD »)…

Non, vraiment, je ne suis pas un vrai « routard » et surtout pas un aventurier. Je n’aurais même pas le courage d’être journaliste et de faire un reportage ici. Depuis mon bus de tourisme, double-étage et climatisé, je me sentais protégé et n’aurais souhaité devoir en descendre pour rien au monde ! Je priais pour que Puno, ma prochaine étape, ne soit pas comme Juliaca…

Note : dans la région du Titikaka, la saison des pluies peu courir d’octobre à mars, même si elle est particulièrement virulente à partir de janvier. Juliaca étant en plaine et ne disposant d’aucun système d’évacuation des eaux, il s’y produit au moins une grosse inondation chaque année !


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Ouf ! Grace au tourisme, Puno (l’un des principaux ports pour visiter le lac Titikaka) ne ressemble pas à Juliaca. L’argent a permis d’y réaliser un centre-ville à peu près propre, quelques rues commerçantes animées et sures. Revers de la médaille : on y croise plus de touristes que de locaux et les prix y sont assez élevés.

Puno est le point de départ vers les îles flottantes Uros et, plus loin, les îles Amantani et Taquile.

Même le Guide du Routard pense qu’il est difficile de s’organiser un voyage dans les îles sans passer par une agence. J’ai donc du faire confiance à l’agence de l’hôtel pour me faire visiter ces îles. Départ le matin pour les Uros, trois heures de bateau encore pour Amantani, réception par une famille d’accueil, petit spectacle le soir ; le lendemain, bateau pour Taquile, visite puis retour à Puno.

Qu’en dire ? Vraies traditions locales ou simples attractions pour touristes ?

Les îles flottantes, constituées de couches de roseaux, sont vraiment surprenantes. Chaque île a son petit hameau et peut être déplacée à loisir. Les seules touches de modernisme sont les téléphones portables et quelques panneaux solaires.

Malheureusement, on vous y accueille par des « bienvenue » en quechua qui sonnent faux, des gamins de quelques années réclament cadeaux et argent, les femmes étalent chacune leur artisanat (tous les mêmes), etc etc… Un tour en bateau de paille jusqu’à l’île voisine est quasiment obligatoire (et payant), accompagné de chants ridicules (« matelot navigue sur les flots ») en français ou en anglais. Bref, le cadre aurait pu être formidable, mais ne nous a finalement donné qu’une envie : fuir !



Arrivé à Amantani, petit repas en début d’après-midi dans la « famille d’accueil ». Excellente soupe de quinoa, suivie d’une assiette de riz/pomme-de-terre/œuf et d’un maté.

Le maté n’est même pas terminé que mon hôte dépose sur la table toute sa production artisanale ; à des prix de nuit d’hôtel, bien entendu. Si je ne voulais pas servir de viande pour les repas des touristes suivants, il fallait acheter… Idem pour la suite. Rendez-vous au stade pour « partir visiter l’île »… où nous attendent plusieurs femmes et leur artisanat, additionné de bouteilles ou de nourriture (« Mars » etc.) à vendre.

L’île possède deux sommets et sur chacun d’eux a été dressé un temple, l’un en l’honneur du Pachacamac, l’autre de la Pachamama. ? Objectivement, les temples n’ont en fait pas grand intérêt, si ce n’est les petits chemins entre les murs pour les atteindre (avec le ciel lourd, on se serait cru en Irlande) et, bien entendu… les nombreux étalages d’artisanat, sans compter les petites filles qui implorent pour l’achat d’un bracelet.

Le soir, le repas se compose de la toujours aussi bonne soupe de quinoa, suivie d’une assiette de riz et légumes (essentiellement des pommes-de-terre avec quelques bouts de carotte). Je suis servi seul à l’unique table, tandis que la cuisinière et deux de ses filles mangent à même le sol, devant le feu, en parlant en quechua. Passionnant. Quant à l’homme de la maison, il doit manger devant la télé, semble-t-il (l’électricité, sous forme de panneaux solaires et batteries, serait arrivée il y a seulement 5 mois).

Parlons-en, des hommes ! Ici plus qu’ailleurs, on ne les voit pas travailler. Les femmes font leur artisanat, travaillent aux champs, s’occupent des nombreuses progénitures, font la cuisine et le reste… Les hommes ? Se servir régulièrement de leur queue semble être leur principale activité. Ici, mon hôte a sept enfants, elle doit avoir moins de 45 ans mais en parait 60 selon nos critères. L’homme de la maison, lui, fait plus jeune et en meilleure santé ; il m’a dit tout simplement : « Je ne travaille pas. On vit du tourisme et de notre artisanat, c’est assez. »


Pour résumer : une expérience intéressante pour ce qui est du mode de vie traditionnel sur une île presque complètement préservée. Mais une expérience très désagréable à vivre, où le touriste n’est vraiment considéré que comme un porte-monnaie. Tout le contraire de nos rencontres à Tapay. Peut-être qu’à plusieurs, cela aurait pu être amusant ; mais seul, je ne conseille pas…

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Il parait que la lumière sur le lac Titikaka est exceptionnellement belle. Sauf que contrairement à Colca où les Dieux Incas nous accompagnaient, ici ils ont décidé de se fâcher. Je ne sais pas pourquoi, d’ailleurs, j’avais pourtant bien jeté mes feuilles de coca dans les deux temples après en avoir fait plusieurs fois le tour !

Toujours est-il que le lac s’est entouré de nuages, puis d’orages. Quand j’ai demandé au guide s’il allait pleuvoir, il m’a répondu « Ici, il ne pleut que de janvier à mars. » Les orages ont continué malgré tout à se resserrer autour de l’île, jusqu’à ce que le ciel nous tombe sur la tête. La jeune fille venue nous chercher dans les chemins (de nuit, sous la pluie, faut connaitre) me confirme que c’est la première fois qu’elle voit ça en octobre.

Le lendemain, j’ai mis le réveil à 5 heures pour aller prendre des photos du lever de soleil sur le Titikaka, si réputé pour cette lumière. Manque de bol : le ciel ne s’est pas dégagé et seul le gris domine. Pas de rayon de soleil, pas de photo.


lundi, novembre 02, 2009

Perou IV: intermède cartographique



Pour info, Cusco – Lima =

- environ 575 kilomètres à vol d’oiseau, soit une bonne heure en avion ;

- environ 1100 kilomètres par la route, soit 20 à 22 heures de bus…