Les petits hôtels genre « routard », c’est parfois idéal pour faire des connaissances. Les personnes qui choisissent ces petits hôtels pas chers mais bien placés sont souvent curieuses de découvertes et de discussions avec d’autres cultures.
Pour cela, mon petit hôtel d’Arequipa a donné de bons résultats ! Par exemple, pour faire connaissance d’un grec, artiste « designer » de vêtements, venu monter son entreprise au Pérou. Ou encore passer une soirée avec une japonaise passionnante à essayer de discuter en un mélange d’Espagnol – Anglais à propos du Pérou, de l’Espagne, du Japon, de ses projets, etc… sans compter toutes les autres nationalités que j’ai croisées !
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La route entre Arequipa et Puno, pour rejoindre le lac Titikaka, passe par de hauts plateaux ( cols autour de 4700 mètres ) semi-désertiques. Suivant l’aridité du lieu, on y croise des alpagas, des moutons et surtout des adorables petites vigognes.
Ici ou là, ces hauts plateaux sont ponctués de zones humides, voire d’oasis. Dans ces zones, on peut apercevoir toutes sortes d’oiseaux ; il y a des réserves protégées où l’amateur de chasse-photo doit pouvoir se faire plaisir.
Comme toujours, ce pays est étrange.
Quand on se croit en plein désert, il suffit de regarder une pierre pour y voir une petite pyramide d’autres pierres ; partout ou presque !
De même, là où l’on pourrait penser que la région n’est pas vivable, on aperçoit toujours quelqu’un qui va Dieu seul sait où. Toujours au milieu de nulle part, là où rien ne semble pousser, vivotent des petits villages tels ceux qu’on imagine grâce aux westerns…
Avant Puno, Juliaca est la plus grosse ville de la région (240 000 habitants environ, altitude 3900 mètres). Dieu merci, le bus se contente de la traverser… Qu’a-t-il bien pu se passer ici ? Une guerre ? Un ouragan ? « El Niño » aurait-il fait des siennes ici plus qu’ailleurs ? A part la route principale empruntée par le bus, tout semble n’être que rues défoncées, tas de briques, maisons en éternelle (re-)construction… Ici, des gamins crados jouent dans la terre des rues ; là, un homme et une femme se battent pour un « vélo-carriole » (45 000 tricycles recensés : au moins, c’est écolo !). Une voie ferrée traverse cette immense ville-banlieue de part en part, sur laquelle les gens commercent et les enfants jouent, ne s’en écartant que lorsqu’un rare train y circule, toutes cornes sonnantes, un peu comme sur les images que l’on a des pays du tiers-monde (pardon : « PVD »)…
Non, vraiment, je ne suis pas un vrai « routard » et surtout pas un aventurier. Je n’aurais même pas le courage d’être journaliste et de faire un reportage ici. Depuis mon bus de tourisme, double-étage et climatisé, je me sentais protégé et n’aurais souhaité devoir en descendre pour rien au monde ! Je priais pour que Puno, ma prochaine étape, ne soit pas comme Juliaca…
Note : dans la région du Titikaka, la saison des pluies peu courir d’octobre à mars, même si elle est particulièrement virulente à partir de janvier. Juliaca étant en plaine et ne disposant d’aucun système d’évacuation des eaux, il s’y produit au moins une grosse inondation chaque année !
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Ouf ! Grace au tourisme, Puno (l’un des principaux ports pour visiter le lac Titikaka) ne ressemble pas à Juliaca. L’argent a permis d’y réaliser un centre-ville à peu près propre, quelques rues commerçantes animées et sures. Revers de la médaille : on y croise plus de touristes que de locaux et les prix y sont assez élevés.
Puno est le point de départ vers les îles flottantes Uros et, plus loin, les îles Amantani et Taquile.
Même le Guide du Routard pense qu’il est difficile de s’organiser un voyage dans les îles sans passer par une agence. J’ai donc du faire confiance à l’agence de l’hôtel pour me faire visiter ces îles. Départ le matin pour les Uros, trois heures de bateau encore pour Amantani, réception par une famille d’accueil, petit spectacle le soir ; le lendemain, bateau pour Taquile, visite puis retour à Puno.
Qu’en dire ? Vraies traditions locales ou simples attractions pour touristes ?
Les îles flottantes, constituées de couches de roseaux, sont vraiment surprenantes. Chaque île a son petit hameau et peut être déplacée à loisir. Les seules touches de modernisme sont les téléphones portables et quelques panneaux solaires.
Malheureusement, on vous y accueille par des « bienvenue » en quechua qui sonnent faux, des gamins de quelques années réclament cadeaux et argent, les femmes étalent chacune leur artisanat (tous les mêmes), etc etc… Un tour en bateau de paille jusqu’à l’île voisine est quasiment obligatoire (et payant), accompagné de chants ridicules (« matelot navigue sur les flots ») en français ou en anglais. Bref, le cadre aurait pu être formidable, mais ne nous a finalement donné qu’une envie : fuir !
Arrivé à Amantani, petit repas en début d’après-midi dans la « famille d’accueil ». Excellente soupe de quinoa, suivie d’une assiette de riz/pomme-de-terre/œuf et d’un maté.
Le maté n’est même pas terminé que mon hôte dépose sur la table toute sa production artisanale ; à des prix de nuit d’hôtel, bien entendu. Si je ne voulais pas servir de viande pour les repas des touristes suivants, il fallait acheter… Idem pour la suite. Rendez-vous au stade pour « partir visiter l’île »… où nous attendent plusieurs femmes et leur artisanat, additionné de bouteilles ou de nourriture (« Mars » etc.) à vendre.
L’île possède deux sommets et sur chacun d’eux a été dressé un temple, l’un en l’honneur du Pachacamac, l’autre de la Pachamama. ? Objectivement, les temples n’ont en fait pas grand intérêt, si ce n’est les petits chemins entre les murs pour les atteindre (avec le ciel lourd, on se serait cru en Irlande) et, bien entendu… les nombreux étalages d’artisanat, sans compter les petites filles qui implorent pour l’achat d’un bracelet.
Le soir, le repas se compose de la toujours aussi bonne soupe de quinoa, suivie d’une assiette de riz et légumes (essentiellement des pommes-de-terre avec quelques bouts de carotte). Je suis servi seul à l’unique table, tandis que la cuisinière et deux de ses filles mangent à même le sol, devant le feu, en parlant en quechua. Passionnant. Quant à l’homme de la maison, il doit manger devant la télé, semble-t-il (l’électricité, sous forme de panneaux solaires et batteries, serait arrivée il y a seulement 5 mois).
Parlons-en, des hommes ! Ici plus qu’ailleurs, on ne les voit pas travailler. Les femmes font leur artisanat, travaillent aux champs, s’occupent des nombreuses progénitures, font la cuisine et le reste… Les hommes ? Se servir régulièrement de leur queue semble être leur principale activité. Ici, mon hôte a sept enfants, elle doit avoir moins de 45 ans mais en parait 60 selon nos critères. L’homme de la maison, lui, fait plus jeune et en meilleure santé ; il m’a dit tout simplement : « Je ne travaille pas. On vit du tourisme et de notre artisanat, c’est assez. »
Pour résumer : une expérience intéressante pour ce qui est du mode de vie traditionnel sur une île presque complètement préservée. Mais une expérience très désagréable à vivre, où le touriste n’est vraiment considéré que comme un porte-monnaie. Tout le contraire de nos rencontres à Tapay. Peut-être qu’à plusieurs, cela aurait pu être amusant ; mais seul, je ne conseille pas…
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Il parait que la lumière sur le lac Titikaka est exceptionnellement belle. Sauf que contrairement à Colca où les Dieux Incas nous accompagnaient, ici ils ont décidé de se fâcher. Je ne sais pas pourquoi, d’ailleurs, j’avais pourtant bien jeté mes feuilles de coca dans les deux temples après en avoir fait plusieurs fois le tour !
Toujours est-il que le lac s’est entouré de nuages, puis d’orages. Quand j’ai demandé au guide s’il allait pleuvoir, il m’a répondu « Ici, il ne pleut que de janvier à mars. » Les orages ont continué malgré tout à se resserrer autour de l’île, jusqu’à ce que le ciel nous tombe sur la tête. La jeune fille venue nous chercher dans les chemins (de nuit, sous la pluie, faut connaitre) me confirme que c’est la première fois qu’elle voit ça en octobre.
Le lendemain, j’ai mis le réveil à 5 heures pour aller prendre des photos du lever de soleil sur le Titikaka, si réputé pour cette lumière. Manque de bol : le ciel ne s’est pas dégagé et seul le gris domine. Pas de rayon de soleil, pas de photo.
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