Route agréable entre Puno et Cusco, à travers la pampa, traversant des paysages purs et immenses. Après un col à 4350 mètres, une nouvelle vallée très différente (plus verte, plus peuplée) redescend vers la vallée de Cusco. Quelques visites en cours de trajet dont Raqchi puis Andahuaylillas…
Note : si le trajet en bus de tourisme coûte environ 80 soles, le même trajet en train coûte… plus de 630 soles (220 $, env. 155 €) ! Evitez donc le train…
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Cusco (ou Cuzco en orthographe « hispanisée »).
Un peu moins de 300 000 habitants, 3400 mètres l’altitude, plusieurs milliers de touristes. Le quartier historique est grand, il y a beaucoup à voir dans Cusco même et encore plus dans les environs qui regorgent de sites incas.
Avantage du tourisme de masse : la ville est propre et bien gardée ; en respectant les règles de sécurités élémentaires, on ne doit pas risquer grand-chose. Inconvénient : les prix sont bien plus élevés que ce que j’ai rencontré jusqu’ici. Le touriste, qui amène en masse dollars, yen ou euros, est parfois exploité à la limite de la décence.
Le pire exemple étant Machu Picchu dont, à quatre jours de mon départ, je me demande encore comment je vais le visiter. Le prix du site est déjà cher, mais les prix de l’unique compagnie ferroviaire sont franchement du « racket ». Pas moyen de passer outre, puisqu’à pied il est obligatoire de passer par une agence et le « trek » coûte des centaines de dollars (note : Antoine a réussi à tout faire à pied sans agence, mais cela prend des jours et n’est pas vraiment autorisé). De plus, l’argent récolté par « Perurail » ne va même pas dans les poches locales, puisque c’est la compagnie internationale « Orient Express » qui en est la propriétaire. « Le train le plus cher du monde », d’après le Routard…
Mise à part ce petit coup de gueule, la ville est magnifique. Déjà, sa situation dans un cirque où débute une superbe vallée a naturellement incité les Incas à y fonder la capitale de leur empire.
Les espagnols (et leurs religieux) ont ensuite voulu faire un exemple en détruisant tout ce qui était inca, mais ont tout-de-même reconstruit une ville exceptionnelle. Quel dommage qu’ils n’aient pas su s’imposer sans détruire ! Mais bon, on ne peut réécrire l’Histoire…
Comme toutes les villes d’influence espagnole, Cusco vit autour de sa Plaza Mayor, vaste et entourée de magnifiques immeubles à arcades et balcons. En quittant la place par l’Est ou le Nord-Est, on trouve deux quartiers plus « humains », aux petites ruelles pavées et aux pentes fatigantes : San Cristobal, quartier calme où je dormais, et San Blas, plus animé et touristique mais toujours agréable (grand choix de bars et restos).
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Mais au fait, que mange-t-on au Pérou ?
Je n’aurais pas la prétention de faire une liste exhaustive, voici simplement les grosses tendances, selon mes goûts.
- Du poulet, beaucoup de poulet. Sandwiches, hamburgeses, escalope pannée, divers morceaux pannés et fris, poulet en sauce avec du riz, poulet avec des spaghettis à la chinoise, j’en oublie…
- Beaucoup d’influences de la cuisine chinoise. Certains restos sont totalement asiatiques, mais beaucoup font un mélange « chinois –péruvien ».
- Riz (souvent parfumé et ferme, très bon) et pommes-de-terre (généralement insipides) quasiment dans tous les plats.
- Divers potages ou soupes en entrée, certaines soupes de quinoa étant parfois délicieuses.
- J’arrête le « lomo » (bœuf…) sous ses diverses formes : viande bouillie, rarement bonne et semblant souvent peu fraîche, je ne peux plus le sentir.
- Tout plein de plats mélangés où on ne sait pas trop ce qu’on mange (peut-être parfois vaut-il mieux ne pas savoir quand on aime, comme moi, manger dans de petits boui-bouis populaires)…
- Hygiène souvent plus que « limite » selon nos critères occidentaux. Même mon estomac que je croyais résistant à toute épreuve a fini par chopper une bactérie plus virulente que les autres !
- Petites sauces plus ou moins pimentées et de diverses couleurs sont proposées avec à peu près tous les plats. Attention, certaines peuvent être surprenantes.
- Plein de spécialités d’une région à une autre. J’ai goûté la viande d’Alpaga : pas mauvaise mais très salée. J’ai aussi essayé le Cuy, gros cochon d’Inde servi généralement entier : bizarre, pas vraiment mauvais, mais cher et plus « folklore » que réellement populaire…
- Les petits pains vendus en tas sur le trottoir sont souvent très bons. Là encore, l’hygiène ferait peur à certains français maniaques.
- On boit des « chicha », à base de maïs violet, je n’ai pas tout compris. Enfin, ça se laisse boire, mais j’ai l’impression que c’est coupé avec de l’eau (non bouillie), d’où risque pour un organisme non habitué. On boit beaucoup de bière, même si proportionnellement au niveau de vie, elle semble assez chère. Je trouve la Cusqueña excellente (surtout en ambrée).
- Pour mieux supporter l’altitude, j’ai bu pas mal de « mate de coca », une bête infusion de feuilles de coca ; bon et efficace. Le « mate de muña » est encore meilleur, mais plus rare.
En bref : cuisine très variée et, si l’on y met le prix, pouvant être très bonne. Par contre, dans les petits boui-bouis pas chers, on retrouve toujours un peu les mêmes mélanges.
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Depuis Cusco, les sites incas sont nombreux sans aller très loin. Ils peuvent tous être inclus dans un même abonnement touristique (sauf Machu Picchu, plus loin et plus cher).
Un site déjà impressionnant se trouve à 30 minutes à pied de Cusco : Sacsayhuaman. Forteresse, temple, les explications varient selon les guides. De même pour les techniques ayant permis aux Incas de tailler et déplacer d’aussi énormes blocs de pierre, il suffit de laisser trainer les oreilles près des groupes touristiques pour entendre des explications pour le moins… variées (allant jusqu’aux extra-terrestres, comme à Nasca).
Il ne faut pas se contenter de regarder le site dans son ensemble, mais prendre le temps de « discuter » avec les pierres. Admirer leur ajustement parfait, mais aussi des petits détails, des traces ici ou là, etc…
Une autre partie du site, très différente, présente une sorte d’amphithéâtre ainsi qu’un petit labyrinthe dans la roche, très amusant. Plus loin sur la même route, d’autres sites plus petits mais tous bien différents : Q’enqo (ou Kenko) semble être un centre religieux dans et autour d’un énorme rocher traversé par deux tunnels ; on y trouve un superbe autel pour les sacrifices. Pucapucara est une simple forteresse sur la route du site suivant : Tambomachay, le « bain de l’Inca » d’où coule une source sacrée…
Plus loin (45 minutes de bus depuis Cusco) se trouve Pisac. Encore un site très varié, caché dans la montagne. Aujourd’hui, on peut y monter en taxi ou car de tourisme, mais avec Patrick (blog ici), routard rencontré à Cusco avec qui j’ai partagé cette journée, nous avons préféré l’ascension à l’ancienne, entièrement à pied (1h30, mais c’est raide !).
Différentes ruines, forteresses, terrasses, habitations et un centre cérémoniel. Aussi un immense cimetière dans la falaise faisant face au site (plusieurs milliers de tombes troglodytes). J’ai particulièrement été impressionné par la rigueur et l’esthétisme des terrasses ; non seulement leur construction est rigoureusement parfaite et régulière, mais leurs courbes démontrent une incontestable recherche d’élégance… Esthétique qui ne nuit pas à l’efficacité, puisque rien n’a bougé depuis des siècles, malgré les tremblements de terre dont a souffert la région.
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Cette fois, ça y est, je fais un rejet. Je sature. OK, je suis un touriste gringo plein de fric ( ? ). OK, ils ont un niveau de vie plus bas que le mien, il faut bien que tout-le-monde vive. Sauf qu’il y a un moment où, même en intégrant tout cela, ce démarchage incessant n’est plus supportable.
Depuis quelques heures, j’ai du refuser à une centaine de cireurs de pompes, à peu près autant de propositions de « masaje », voire « masaje especial ». Mais aussi à des dizaines de vendeurs de : lunettes, disques, peintures, sans compter les vendeuses d’artisanat à chaque mètre, etc… Ajoutons à cela la fausse paysanne et son alpaga qui posent pour un sol, le pseudo-Inca en tenue qui te prend par le bras…
Encore à l’instant, je viens de payer 15 soles (le prix de deux repas à Lima) pour avoir simplement le droit d’entrer dans la petite église de San Blas ; même les photos sans flash n’y sont pas autorisées. Quinze soles, simplement parce que je suis un gringo ; les locaux entrent librement. A la seconde où j’ai poussé la porte avec mon ticket, trois « guides » ont couru après le pigeon que je suis pour essayer de me vendre leurs services (cette fois, je les ai renvoyés balader, qu’ils payent pour les autres !).
Non, vraiment, il est un moment où ça ne fait plus rire personne. Patrick, avec qui j’ai visité Pisac, disait fort justement : « Il était temps de venir, ça commence à devenir Inca-land… »
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Cusco serait pourtant une ville magnifique et charmante. Ses petites ruelles mélangées de quelques murs incas surmontés de constructions coloniales. Ses escaliers biscornus, ses fenêtres bancales, ses balcons superbes et variés… Sans doute y a-t-il plein de Cusqueños sympas et honnêtes, faisant leur travail sans abuser.
Sauf que voilà, c’est tellement gâché par les excès que prendre mes photos devient difficile, presque impossible. Du coup, plein d’images en tête de cette ville, mais peu de photos réellement représentatives. En espérant que le tourisme et l’exploitation parfois indécente des gringos qui en découle ne pourrissent pas complètement cette ville qui pourrait être exceptionnelle…
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