lundi, novembre 03, 2008

Lisboa


(Note : Lisbonne est incontestablement une ville photogénique. Trop à dire, trop de photos malgré un tri difficile. Courage…)


Trois jours déjà que j’arpente les différents quartiers de Lisbonne en long, en large et en travers. Ou plutôt devrais-je dire Lisboa, tant cette francisation des noms m’a toujours exaspéré.

D’abord, une découverte « grossière » du quartier le plus ancien, l’Alfama, et de quelques autres coins inratables. Un après-midi assez moche à la lumière forte et fade, qui se termine par un petit orage. Toujours aussi chaud, par contre (et c’est tant mieux) : Octobre à Lisboa, c’est Août en Auvergne !

Le lendemain, découverte plus approfondie de l’Alfama sous une lumière différente puis, petit à petit, d’autres quartiers : la Baixa, le Chiado, le Bairro Alto et les incontournables « miradouro » pour profiter de beaux points du vue sur la ville.

Les heures passent (parfois trop vite quand la lumière est belle), les kilomètres défilent, les yeux s’affolent. Il y a trop à voir, trop de petits quartiers à visiter, de maisons décrépites ou de belles façades couvertes d’azuleros à admirer ! En voulant trop en voir, ne risquerais-je pas de manquer l’essentiel ?

Prendre son temps, se poser sur un banc, regarder les gens vivre… Se perdre dans les ruelles, tourner en rond, profiter…

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L’Alfama est ce quartier qui manque, par exemple, à Madrid : le vieux quartier, encore populaire, presque intact après le séisme de 1755. Un labyrinthe de petites ruelles, de passages insoupçonnés ou d’impasses, de placettes calmes ou de rues subitement agitées. Où il le peut, le tram se faufile, grimpe raide, descend, remonte encore, depuis plus d’un siècle ; rien ne semble avoir changé à part, peut-être, les publicités sur ses flans…

(23 photos)


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La Baixa, la ville basse. Si proche de l’Alfama ou du Chiado, et pourtant si différente ! Mes photos de la Baixa, auxquelles j’ai ajouté celles du quartier de Rossio, sont les photos du Lisbonne monumental. De longues rues parallèles relient les places Dom Pedro IV (appelée Rossio) et Figueira à la fameuse Praça do Comércio.

En dehors de ce côté monumental, magnifié par l’éclairage nocturne, ce n’est pas le quartier le plus agréable. Trop de magasins de souvenirs, de restaurants à touristes où l’on vous accroche dans la rue ou encore de vendeurs de chichon pour étranger en manque. En octobre, tout cela ferme après 19 heures et, vers 20 heures, les rues rectilignes deviennent presque fantomatiques. Une seule rue reste un peu animée le soir, la rua das Portas de Santo Antão, qu’il est bon de connaître si on ne veut pas se retrouver désœuvré dans sa chambre d’hôtel après 20 heures…

(17 photos)


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Le Chiado. Coincé entre Baixa et Bairro Alto, le Chiado est connu pour les ruines du couvent des Carmes laissées (presque) en l’état après le tremblement de terre de 1755, mais surtout pour son incendie de 1988. La reconstruction a laissé place à de grandes galeries commerciales, à de nombreux magasins de mode et de luxe, ainsi qu’à quelques bars branchés. A la nuit tombée, quartier peut-être encore plus désert que la Baixa !

(12 photos)


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- Capturer l’ambiance en photo, ce n’est déjà pas simple. Quant à capturer les odeurs, les APN ne le permettent pas encore ! Pourtant, il y aurait de quoi faire.

Odeurs de l’Océan ou du Tage le matin. Odeurs de « propre », de détergents en tout genre, quand chaque jour chaque maîtresse de maison nettoie le pas de sa porte et son bout de rue à grande eau. Odeurs de poissons à vendre, odeurs de cuisine qui s’ensuivent, de viande grillée, de poisson frit…

- Depuis mon Géoguide de cinq ans d’âge, les prix sur Lisbonne ont bien flambé. Certaines entrées (monastère, église, etc…) sont passées de 1 à 3 €, de 3 à 5 voire 6 €. Quant aux restos, l’un classé « très petit prix » en 2003 m’a coûté 17 € pour un plat et un petit pichet de vin (et encore, le patron m’a fait grâce du pain). Vraiment difficile de manger pour moins de 10 €, alors que c’est encore largement possible à Madrid.

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Mouraria. Le guide parle d’un « quartier transformé en ghetto musulman après la reconquête de la ville en 1147 ». Plus de huit siècles après, cela se ressent encore. Un quartier extrêmement populaire, franchement pauvre par endroit, et un métissage toujours présent.

(11 photos)


Les limites avec l’Alfama, et plus encore avec Graça, ne sont pas toujours faciles à définir ; on passe allègrement d’un quartier à l’autre sans s’en rendre compte. Toutefois, chaque quartier à son ambiance, son atmosphère propre. En plus d’un patriotisme omniprésent (quel balcon n’a pas son drapeau ?), on y trouve ici ou là des marques de communautarisme : « rien ne vaut Alfama », « personne ne bat Mouraria »…


Graça, que je n’ai pas visité suffisamment pour en causer, compte au moins deux des plus beaux « miradouro » pour contempler Lisboa, dont celui da Senhora do Monte, peut-être mon préféré pour le panorama qu’il offre sur les collines lisboètes et le Tage en arrière-plan.

(12 photos)


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Le Bairro Alto. Peu de beaux édifices à visiter dans ce « quartier haut », mais de jolies rues pavées, un centre assez animé aux bars chics mêlés aux cantines populaires, et quelques ilots de calme. Un coin vraiment agréable, quelques squares reposants, un ou deux points de vue, des restaurants variés. Bref, un quartier sympa.

(15 photos)


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- Ce lundi matin, je me suis forcé à m’extirper du lit plus tôt pour être le premier au petit déj’ et partir au plus vite promener le 50 mm dans les rues qui s’agitent. Une charmante Finlandaise, étudiante en photographie, est venue me rejoindre ; comment passer une heure en essayant de parler photo en anglais entre deux tartines et quelques corn-flakes. Quand je disais que Lisbonne était photogénique, c’est donc au point de venir de Finlande simplement pour y faire un stage-photo !

- J’ai enfin pu manger pour 7 € ce midi. Plein cœur de l’Alfama, mais trop petit resto pour attirer les touristes (enfin, les autres ;-)). Clientèle d’habitués du coin. Soupe de légumes, pâtes genre « carbonara à la portugaise », pain, bière, le tout très correct.

- Le Fado, c’est sans doute très beau… Mais voilà, comme tout ce qui peut rapporter quelques euros, cela semble avoir été un peu dénaturé par le pognon des touristes.

« Ce soir, il y a Fado » est placardé à l’entrée des restos. Puis les vendeurs viennent vous agripper dans la rue (avec moi, ça ne marche jamais). Pour ceux qui acceptent de rentrer, c’est : tu dépenses, je te chante une chanson ou deux ; tu re-dépenses, je t’en remets deux autres… et ainsi de suite !

Pour moi, pas besoin de payer. En buvant une bière dans la chambre de ma « residencial », j’ai droit aux chants de Fado provenant de quelque restaurant juste sous ma fenêtre. Vu l’isolation, quand bien même n’aimerais-je pas ça que j’y aurais droit de toute façon. Cependant, c’est très joli. Certes, je préfère un tango argentin ou un Caetano Veloso, mais c’est quand même agréable…

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Pour terminer avec Lisboa, du moins ce que j’ai eu le temps d’en voir, voici Belém.

Sa jolie Torre, bien proportionnée et s’embrasant au soleil couchant, est un peu l’emblème de Lisboa. Quant au Mosteiro dos Jerònimos, c’est… comment dire… énorme et sublime ! J’en ai visité en pagaille, du cloître. Mais quand je suis rentré dans celui-ci, ça m’a quand même fait un choc. Ce n’est ni intime, ni modeste, ni sobre, et c’est pourtant magnifique.

(Mes images de Belém sont de simples photos-souvenirs plus banales que ce que j’ai essayé de faire dans Lisbonne-centre, mais je pouvais difficilement ne pas les prendre.)

(18 photos)



dimanche, novembre 02, 2008