mercredi, avril 27, 2005

Petit vol plaisir

Hier, loin des préparatifs du monstre à 22 roues, j'ai profité du beau
temps auvergnat pour continuer les essais du ptit'navion à 2 roues et demi.
Mon frangin a 22 ans, mais s'il a volé une fois ou deux sur Ryanair, il
n'est par contre jamais monté dans un Jojo. L'occasion est donc toute
trouvée pour le réquisitionner.
A mon avis, on n'en fera pas un pilote, faut pas pousser quand même...
Mais je crois qu'il a bien aimé le vol. Plus que le 737, dirais-je même,
d'après ce que j'ai compris...



Après décollage, prise de cap vers mon village, juste pour voir mon
terrain de jeu d'en haut, voilà, hop. Juste par plaisir, quoi...
Puis direction le Sancy, en faisant des virages par ici, des virages par
là, pour voir ci ou pour voir ça, ou... simplement par plaisir...
Ah, ici ça ne monte pas, pleine puissance (heu.....) et en essayant de
garder une vitesse potable, ça chute même un peu...



Hop, d'un coup, acsenseur! Ca grimpe tout seul, 300, 400
mètres/minutes!! Il y a de la bonne pompe dans ce coin, dommage que je ne sache pas encore comment ça s'enroule, une pompe... Mais bon, quel plaisir!
De quoi? Tu veux voir le lac Pavin de ton côté? Pas de problème, on vire autour, voilà voilà.



Et puis on s'en fout, il y a au moins 3 heures de pétrole, personne ne
nous attend, c'est cool.
Alors on zigue-zague, on gratte un peu le caillou (enfin, pas trop près
non plus!), on admire, on se fait secouer à peine un chouillat, juste ce qu'il faut, quoi...



Et puis Orcival, Cordès, on longe la Chaîne des Dômes.
- Allez tiens, prends le manche!
- Heu, qui, moi?
- Bin pourquoi, il y a quelqu'un d'autre? C'est pas dur, tu pousses, ça descend, tu tires, ça remonte, etc...
Pas trop rassuré quand même, le frangin, qui trouve qu'on est comme
suspendu à un fil, et que ça fait bizarre...
- Tu sais quoi? Ca plane vachement bien, un Jojo, regarde... (Et hop,
réchauff' carbu, gaz plein réduits.) Tu vois, on tombe pas, on n'a que
l'embarras pour choisir un champ, on peut même chopper l'A89 en
construction, no problema...
- Ah oué c'est vrai, remarque...



Tranquillou, je recontacte Clermont, on rentre peinards. Je n'ai pas
regardé la montre du vol. On s'en fout.
Je vole, ce Jojo est une perle, je retrouve avec lui le plaisir du
pilotage, le plaisir d'être en contact avec les éléments, de sentir
l'air contre lui comme s'il était mon prolongement.
L'intégration se fait vite, hop, il tourne comme une horloge, la vitesse est parfaite, la finale est bonne, donc l'attérro peut se faire.
Pour un peu, j'aurais presque pu laisser Charlie-Novembre se poser seul.
Je n'ai rien eu à faire qu'à réduire, zou, il se pose tout seul, cet avion.
Ah! On lui en a fait voir, ces dernières années. On s'est un peu foutu
de lui! Mais là, depuis que quelques bénévoles à la fibre mécanique se sont remis à le chatouiller, il a envie de faire plaisir, à son tour...
Au hangar, un bon nettoyage. Il a été tellement sympa avec nous, on lui doit bien ça.
Ce vieux truc aime voler, et aime le faire partager.
Ca se sent, ce vieux truc a une âme...

dimanche, avril 24, 2005

Sacrée bouteille !

A chaque ligne sa clientèle...
Sur les 2 et 4, ce sont les mignonnes petites jeunes (ah...... (soupir...)). Sur la 8, ce sont les papis-mamies. Bon, il n'y a pas que ça, bien-sûr; mais disons que c'est une clientèle bien représentée...

Décembre 2004. Aujourd'hui, ligne 3, bon compromis entre "petites jeunes" et "papis-mamies"...
La "3" a une bonne partie de son parcours en commun avec la "8", et transporte elle-aussi les p'tits vieux des quartiers des Bughes ou de la Glacière.

Venant du centre-ville, me voici donc arrivant avec un articulé (un "accordéon", comme disent les clients) à l'arrêt "Chateaubriand", où attend de pied ferme une petite mamie.
Enfin, de pied ferme, façon de parler... Parce que Petite-Mamie est à peu près aussi stable qu'un bébé faisant ses premiers pas!
En plus, l'arrêt Chateaubriand, quand on a du mal à lever une jambe plus haut que trois centimètres, c'est vraiment le pire qu'on puisse choisir: mal aménagé et sans trottoir adapté.
Bref. Je m'arrête le plus près possible, là où le trottoir fait quand même un semblant de marche. Difficilement, Petite-Mémé traîne ses vieilles pattes jusqu'à la marche, puis lève péniblement un pied vers l'entrée du bus.
Dans un douloureux effort, Super-Mamie tire sur ses bras tout en poussant sur la première jambe pour arriver à soulever sa raide carcasse et l'introduire dans mon bus salvateur.
"- Ah merci, vous êtes bien mignon, c'est que vous savez, à mon âge, ça devient dur..."
Et Mémé de se traîner jusqu'au premier siège, avant de recommencer à me raconter sa vie.

"- Ouh, c'est qu'il faut que je fasse gaffe, parce que la dernière fois que j'ai discuté avec un chauffeur, oh vous savez, c'était juste pour lui demander si je pouvais descendre par l'avant, c'est plus facile pour moi, enfin vous comprenez... Et bien, une voisine a du me voir, parce que ça a raconté dans tout l'immeuble que je draguais les chauffeurs de bus, vi vi vi!
- (moi) Oh...
- Et puis bon, comme j'suis toute seule, forcément, des fois je dois demander de l'aide, c'est bien normal.
- Bien-sûûûr...
- Et bien, croyez-vous que ces connasses ont pas autre chose à faire? Non non, faut qu'elles jasent, qu'elles inventent des choses, qu'elles disent du mal!
Tsss, si on les écoute, c'est à croire que je me serais tapée tous les hommes du quartier! Sans compter les chauffeurs de bus!
Pensez-vous... Qui voudrait d'une vieille comme moi, hein??
- Une vieille? Où ça, une vieille?
- Hi hi hi, vous êtes mignon, mais j'ai plus de 80 ans, vous savez!
- Nooooonn.........
- Enfin quand même... Vous vous rendez-compte? Dire des choses sur les gens, comme ça! Ah elles aiment ça, foutre la merde (texto)!
Moi j'm'en fous, de c'que font les autres! C'est pas moi qui irais raconter des conneries comme ça, non mais vraiment!!"

(Trois arrêts plus tard...)
" - Dites, vous repassez dans l'autre sens, après?
- Heu... Voui enfin, dans un moment, le temps que j'arrive au terminus, j'attends une vingtaine de minutes, et je reviens, oui... Mais euh... Vous revenez à peine des courses, et vous allez repartir dans l'autre sens?
- Ah, vous verrez bien. Vous m'attendrez bien quelques minutes..?
- Bin heu, pas trop quand même, c'est que, les horaires, vous savez bien...
- Allez, vous aurez une surprise. Bon, dîtes, vous m'arrêtez au prochain arrêt, là... Et euh, vous me laisserez bien descendre par l'avant, hein?
- Mais oui, mais oui..."

Je vous passe les détails de la descente du bus, malgré le trottoir à bonne hauteur, cette fois-ci.
Je laisse Super-Mémé et je repars vers Trémonteix, mon terminus, où j'ai donc une bonne vingtaine de minutes pour me détendre avant de retourner en direction de Cournon.

Sachant qu'il va encore falloir quelques bonnes minutes à Mère-Grand pour grimper dans le bus, je décolle avec une petite minute d'avance, au cas ou...
Deux arrêts plus tard, me revoici devant chez elle et... pas de petite vieille!
Oh pardon, si si! Elle est une quinzaine de mètres plus bas et avance, à la vitesse de l'escargot au galop, agitant un bras et tenant un paquet dans l'autre.
Bon allez, je ne suis pas pressé, et puis il n'y a personne dans les bus, ce matin. Alors je vais t'attendre, crie pas, tu vas te péter quelque chose...

Je suis bon prince, pour que Bat-Mémé puisse monter plus facilement, j'ai baissé les suspensions et mis le plancher bien à ras du trottoir. Pendant que Mémé-de-course s'approche, les minutes passent... Une, puis deux, puis trois minutes de retard... Bin oui, quinze mètres, quand même, c'est pas rien!
Crouic-croui-croui-crouiccc… Elle arrive enfin.

"- Ah bin j'ai fait tout ce que j'ai pu, hein, mais plus vite, je peux pas. Tenez! (Elle me tend un sac plastique.)
- Hein heu quoi? C'est pour moi? Mais euh... vous ne montez pas?
- Non non, j'ai pas dit que je repartais! Oui oui, c'est pour vous...
- Rhôô mais c'est trop gentil, ça, il faut pas! Et puis, vous ne pouvez pas faire des cadeaux à tous les chauffeurs de T2C, tout-de-même ! Oh non, je ne peux pas accepter…
- Tsss tsss, ouvrez donc ! Je suis sûre que vous en profiterez plus que moi… Et puis c’est pas grand chose !"

Je sors une boîte en carton du sac plastique. Dans cette boîte, une bouteille de Bordeaux Rosé.
"- C’est mes neveux qui m’envoient ça à chaque occasion. J’en ai toute une collection. Avant, on avait une belle cave, avec mon mari, mais voilà, il est mort.
- Ah… :-(
- Mais je leur dit bien, à mes neveux, que c’est plus la peine de m’envoyer du vin ! Ils savent bien que j’en bois pas, mais ils continuent ! "Tu nous feras de la pub", qu’ils me répondent…
Alors voilà, qu’est-ce que vous voulez que je fasse de ces bouteilles… Autant qu’elles fassent plaisir à d’autres ! Oh puis vous savez, j’en ai des bien meilleures que ça, dans la cave. Mais bon, le vin, ça s’abîme pas…"

Je ne sais pas trop quoi dire. Alors je finis par accepter et remercier chaleureusement Super-Mamie, lui disant que je ne la boirai pas seul dans mon coin, mais que j’attendrai l’occasion d’un bon petit repas entre amis pour la partager et la déguster, etc…
Pendant ce temps, les minutes passent… "Retard 5 min", me dit la machine… "Retard 6 min", "Retard 7 min"…
Comment voulez-vous envoyer promener une gentille mémé qui vient de vous faire un cadeau ? Bin oui, je sens bien que t’as envie de causer, super-mémé, sauf que bon, les autres clients m’attendent, quelque part dans Clermont…
"- Dites, c’est que je voudrais pas vous retarder… ?
- Trop tard c’est déjà f…… euh non non, ça va, mais bon, effectivement, il va peut-être falloir que j’y aille, là.
- Ah bon, mais… bla bla bla, et patati et patata, etc…"

"Jolie bouteille, sacrée bouteille,
Veux-tu me laisser tranquille (-eeuu) ?
Je veux te quitter, je veux m’en aller,
Je veux recommencer ma vie (-eeuu)…"

Pendant que Mère-Grand termine sa conversation, j’en profite pour remonter la suspension du bus. J’appuie sur le bouton et là, rien ne se passe. Hum.. Voyons.
Freins de parking, boite, portes arrières fermées, frein d’exploitation, tout est en place mais non, ça ne veut pas monter. Et si ça ne monte pas, la sécurité bloque le bus et l’empêche de partir…
J’éteins le moteur, attends quelques secondes de plus, le redémarre, réessaye et… Rien de rien, ça ne veut pas monter.
"- Vous avez un problème ?
- Euh oui, peut-être, enfin je sais pas. C’est le bus, il aime pas le vin, semble-t-il. Ou alors c’est le contraire, il veut aussi sa bouteille, et donc il ne veut plus repartir.
- Bon bin j’vais peut-être vous laisser, alors ?
- Oh bien, de toutes façons, je suis bloqué, maintenant, alors ! Bon, en tous cas, merci encore ! Ne vous inquiétez pas, je vais y arriver… Allez, revenez quand vous voulez, hein ! Et bonnes fêtes !"

A ce moment, sans avoir rien fait de plus, "ppssssssssssccccccccccchhhhhhhhhiiiiiiiiittttttt", d’un coup la suspension remonte, la sécurité s’enlève, et le bus décolle !
"Retard 8 min", affiche toujours l’horloge…
Mais, étant donné le peu de monde dans la ville ce matin-là, les huit minutes auront été facilement rattrapables, et j’étais déjà à l’heure au CHU.

Et la bouteille, me direz-vous ?
Je l’ai emmenée chez des amis, lors d’un repas au cours de cet hiver neigeux.
Personnellement, je ne suis pas un fan de Rosé. Mais bon, pour du Rosé, justement, j’avoue qu’elle était bien agréable. D’ailleurs, certains semblent l’avoir particulièrement appréciée, dont Wenke, petite lectrice Allemande qui s’est chargée de ne pas en laisser une goutte !

jeudi, avril 21, 2005

Quelques dernières...

... et puis j'arrête.

Sur la carte IGN est indiqué "l'Olanier". Mais de nom pour ce rocher, point...
Pas facile de trouver un angle présentable. D'un côté, une ligne moyenne-tension; de l'autre, un tas de fumier et quelques gravats; autour, un pneu ici ou là, etc...



L'autofocus de mon APN est vraiment merdique. Même en mode "forcé", il refuse de faire la mise au point où je la voudrais. Changer. Bientôt...
Les couleurs de ce petit bosquet sont déjà automnales! Sont-ce des couleurs normales pour ce type d'arbre (je n'y connais rien), ou les feuilles toutes jeunes ont-elles pris un coup de gel?



Entre Lignat et St Georges, un petit cimetierre et une coline couverte de vignes.
Si le vin était bon, par ici, ça se saurait...



Enfin, après un tour complet du puy de Montfoulhoux, revoici Mirefleurs.
En haut à droite, devant un bout de ciel déjà laiteux, Coren.


mardi, avril 19, 2005

Photos du soir...

... espoir !

Un peu plus de 20h, les derniers rayons caressent le château.
A droite, juste au-dessus du petit volcan moins vert que les autres, on pourrait deviner Thiers, encore ensoleillée.



Contrairement à "mon" arbre, celui-ci connait une fin honorable.
En plus d'être mort plus naturellement, il sert maintenant de "grattoir" pour les chevaux du Puy St-Romain.
Cadavre exquis, je ne sais pas, mais utile...



Décembre 99... Ca fait donc plus de cinq ans que les fameuses "tempêtes" sont passées par là.
Sur certaines côtes du St-Romain, les traces sont encore parfois bien visibles.



Clermont et son "effet de Foehn" caractéristique.
Un ciel tourmenté, des averses ici ou là, mais la Chaîne des Dômes perturbe le bon vent d'ouest qui nettoie ainsi le ciel au-dessus de Clermont et ses environs.
D'où ce climat si souvent privilégié (et une chance pour les petits avions de tourisme "on top" de pouvoir repasser en-dessous des nuages sans prendre de risques)...



(Au premier plan, Mirefleurs. Tout à gauche, Les Martres de Veyre.)
Buona notte...

mardi, avril 12, 2005

Auprès de mon arbre...

"Auprès de mon arbre, je vivais heureux,
J'aurais jamais du m'éloigner d'mon arbre...
Auprès de mon arbre, je vivais heureux,
J'aurais jamais du le quitter des yeux! "

Souvenir de cet hiver vigoureux.
Par une après-midi un peu moins bouchée que les autres, mais avec un vent du nord glacial et une température entre -10 et -15°C, j'étais allé faire quelques kilomètres à pattes. Histoire de sortir l'appareil-photo et de prendre des souvenirs de ces énormes congères qui allaient bien finir par fondre, un jour ou l'autre...

Le long de ce même chemin, là, partiellement bouché par une congère impressionnante, aux formes sculptées par le vent, il y avait un arbre. Il n'est pas sur la photo, il était derrière moi, une centaine de mètres plus tôt, trônant sur un talus et dominant un immense panorama.
Vieux, imposant, fort et presque intemporel, cet arbre m'avait inspiré confiance. Je m'étais alors assis à côté de lui, sur le talus, dans une neige dont mes baskets ne trouvaient pas le fond.
J'étais resté là longtemps, à regarder ce paysage, vers l'Est. Au bout d'un moment, je ne faisais plus attention au vent glacial ou à la neige sous mon jean's et dans mes chaussures. Je pensais à plein de choses, j'étais tranquille et peinard, personne ne m'attendait nulle part. La vie "cool"...




Ce matin, je suis allé faire le tour du Puy de Saint-André.
L'hiver est parti (quoique... 4° seulement, on peut en douter!), les congères ont fondu, les arbres ont refleuri.
Au retour, j'ai cherché "mon" arbre. Il n'y était plus.

Cet arbre si costaud, ayant résisté aux tempêtes, aux hivers exceptionnels ou a quelques canicules, n'a pas su résister aux paysans du coin qui devaient trouver qu'un arbre, le long d'un chemin, ça gêne, sans doute.
Pourtant, il ne doit pas y avoir un seul vieux paysan qui ait vécu tant d'années que cet arbre, et qui fut aussi solide. Mais voilà, c'est comme ça, on a arraché les haies, on a supprimé des chemins pour agrandir les champs, on coupe les arbres qui font perdre quelques ridicules petits mètres-carrés...

Je regrette de ne pas l'avoir pris en photo, "mon" arbre. Au moins l'aurais-je immortalisé...
Mais comment pouvais-je deviner que les soi-disant "jardiniers du paysage" allaient arracher la touche indispensable qui donnait à ce coteau tout son charme et son caractère?
" Auprès de mon arbre, je vivais heureux,
J'aurais jamais du le quitter des yeux... "