jeudi, octobre 22, 2009

Perou III : Arequipa et Colca


Bon allez, j'ai peut-être exagéré un peu sur la surface des 8 rues par 5 rues fréquentables à Arequipa. Ça, c'est de nuit. De jour, il semble qu'on puisse s'éloigner un peu.

En même temps, le centre est tellement joli et agréable qu'on n'a pas vraiment besoin d'aller chercher d'autres visites plus loin. Oui, vraiment, Arequipa est une ville où il fait bon vivre.

La Plaza Mayor d'Arequipa est une des plus jolies que je connaisse. J'ai failli dire: "une des plus jolies Plaza Mayor d'Espagne"...
Le soir, comme en Espagne, tout-le-monde y converge et vient la voir s'illuminer; elle est encore plus magnifique comme ça. A 2300 mètres d'altitude, on pourrait s'attendre à ce que cela fraichisse en soirée; mais non, la température très chaude en journée redevient simplement plus agréable.



Il est quand même un petit détail déconcertant au Pérou, c'est le "calage" horaire; le choix du fuseau. En effet, en ce moment (on va dire avec beaucoup d'approximation que c'est un peu le début du printemps), il fait grand jour vers 5h30, alors que la nuit tombe vers 18 heures.
Le mode de vie aurait pu s'adapter, mais non. Les bars servant des petits-déjeuners n'ouvrent que vers 7h30, et les visites rarement avant 9 heures. Du coup, on perd des heures de soleil et les journées semblent courtes!

Antoine, jeune Bordelais ayant choisi de visiter l'Amérique du Sud pendant un an à la suite de ses études, me confirme qu'Arequipa est la ville lui semblant la plus agréable à vivre, depuis les deux mois qu'il vadrouille.
Vous pouvez voir ses photos ici:
http://www.flickr.com/photos/antoineg


* * *


(Mercredi)

J'en ai, des choses à raconter, depuis ces quelques jours où je n'ai pas eu le temps de remplir ce carnet.
Samedi, visite du monastère Santa Catalina. Un véritable village dans la ville! Des rues, des "quartiers", plusieurs cloitres tous différents. Beaucoup de charme, des cellules meublées et décorées avec gout, de petits escaliers ne menant nulle part, de jolis objets ici ou là: de quoi s'amuser avec l'appareil et essayer de faire des choses un peu "graphiques". Avec Antoine, passionné lui-aussi de photographie, nous avons passé près de cinq heures à jouer à qui-mieux-mieux avant de nous lasser.


Un samedi soir, au Pérou comme ailleurs, on sort, on boit un peu, on fait la fête. Nous avons terminé à l'hôtel en compagnie d'autres "routards" de tout pays: péruvienne et péruvien bien-sur, mais aussi texan, grec, un autre d'Alaska et j'en oublie (quelques jours plus tard, ce sera avec Orie, jolie Japonaise); le tout dans un mélange d'anglais et d'espagnol pas toujours académique...

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Dimanche, départ pour le Canyon de Colca.
Au départ, je ne savais pas si j'allais effectuer cette visite ni, le cas échéant, comment j'allais l'organiser. La solution de facilité aurait été de passer par une agence de voyages, en payant cher pour visiter les villages prévus, dépenser dans les boutiques pour touristes, dormir aux endroits prévus, marcher en file indienne, etc...
Heureusement, j'ai donc rencontré Antoine qui s'apprêtait à partir plus "à la routarde". Nous avons pris un bus de ligne à travers la pampa pour rejoindre Chivay (bus pour Péruviens, bien chargé; route asphaltée par portion, piste en terre le reste du trajet) puis Cabanaconde, petite ville surplombant le canyon et qu'aucun bus ne dépasse. Nous avons aperçu nos premiers condors qui volaient vers le panorama pour touristes où ils sont "artificiellement" nourris à coup de morceaux de viande...
Le lendemain, réveil à 6 heures pour descendre dans le canyon, environ 1000 mètres de dénivelé qu'il faudra bien penser à remonter. Si le paysage est vertigineux et aride, le fond du canyon est entouré d'une bande de végétation quasi tropicale et de véritables oasis.

Au départ, nous avions prévu un "trek" plus long. Mais après avoir remonté plusieurs centaines de mètres de dénivelé par une chaleur écrasante, j'ai commencé à avoir des doutes sur ma capacité à suivre Antoine, plus jeune et plus sportif que moi. Nous avons alors choisi une option un peu plus courte, celle proposée dans le guide du Routard. Après avoir rejoint Malata, village fantôme en pleine journée (mais où sont-ils donc?), nous avons poursuivi jusqu'a Tapay.
2900 mètres d'altitude, le souffle court, cherchant de l'oxygène et attaqué par les crampes, j'avoue avoir eu un mal fou à terminer (presque à "quatre-pattes"); ce jour-là, j'ai atteint mes limites.

A Tapay, nous étions manifestement les seuls touristes. A peine le temps de retrouver notre souffle à la terrasse d'une chambre d'hôte que le propriétaire nous propose de l'accompagner aux champs. C'est alors que s'est passée la plus enrichissante expérience humaine de ce voyage...


Nous avons donc rejoint les petits champs en terrasses qui étaient l'objet du travail de ce jour. Toute une communauté (famille, voisins, enfants) était présente pour s'entre-aider. Les hommes retournent la terre à l'aide d'outils ancestraux, les femmes ratissent et retirent herbes et pierres. Puis arrive le petit coup à boire, constitué d'une boisson à base de maïs distribuée par les femmes et d'une liqueur de pommes servie par un homme, avant de reprendre le travail.
Avant d'oser prendre des photos, j'ai bien demandé si cela ne dérangeait personne:
"No quiero molestar con las fotos...
- Molestar? Molestar quien? Heee!! Este hombre pregunte si las fotos les molestan!
- (Un autre au milieu du champ) Molestar? Porque? Me gusta mucho ser fotographiado! dit-il en se marrant a pleines dents."
OK, puisque c'est comme ça, on va s'en donner à coeur-joie! Bon, c'est vrai, les femmes et les enfants nous regardent un peu comme des extra-terrestres; quant aux hommes, ils sont plutôt amusés.


Timides au départ, les enfants s'approchent, s'étonnent de nos barbes et des poils d'Antoine, demandent s'ils peuvent regarder nos étranges reflex numériques et se marrent en découvrant leurs trombines sur l'écran...
Antoine est un garçon qui attire la sympathie comme j'en ai rarement connu. Pour les enfants comme pour les autres, c'est un véritable aimant. Il confie son reflex Pentax à un des gamins qui jubile et je me sens obligé de faire de même, bien que l'idée de filer mon Nikon à 1200 € à des enfants couverts de poussière me demande un effort surhumain.
Toutefois, le résultat est surprenant! Pris en photo par leurs copains, les gamins se lâchent encore plus et prennent des pauses on ne peut plus naturelles et spontanées. Malheureusement, le poids de mon reflex fait que les portraits sont souvent cadrés trop bas; ceux du Pentax d'Antoine rendent mieux.


Devant notre attitude, les villageois sont à la fois surpris et ravis. Pour eux, nous ne sommes déjà plus des "gringos" totalement comme les autres!
Bien-sur, ils nous font trinquer très vite avec leur délicieuse liqueur de pomme; mais aussi nous proposent-ils ensuite d'essayer leurs outils et de retourner la terre, alors que notre hôte nous prend en photo avec nos propres appareils. Placer les trois bêches en demi-cercle, les enfoncer et basculer en même temps pour que se forme un trou: tout est question de synchronisation! Immédiatement, une femme y balance quelques semences puis une autre recouvre le trou au râteau.
Bien-sur, j'aurais voulu prendre de plus beaux portraits, techniquement plus réussis, mieux exposés ou éclaires... Mais si ceux-ci sont imparfaits, ils ont le mérite de l'authenticité et de la spontanéité. Et cette rencontre entre ces villageois et nous, à quatre heures de marche (rythme péruvien) ou de mule de la première route et des commerces de Cabanaconde, restera un souvenir unique et inoubliable, par sa simplicité et sa sincérité...

Plus tard, lors du repas que nous offrira notre hôte en compagnie de toute la communauté ayant participé aux travaux, celui-ci nous avouera que les touristes venant seuls ici sont très rares, mais généralement mieux apprécies. Ceux venant avec un guide font un tour dans le bled et repartent pour leur trek et un hôtel plus confortable. Peu sont ceux qui, selon lui, prennent le temps de s'intégrer vraiment. Nous n'en serons que plus touchés...



* * *


Le lendemain à 5 heures, descente dans le canyon puis lente remontée de l'autre cote: 700 mètres de dénivelé dans un sens, 1000 dans l'autre. Pour être sûr d'arriver en haut, j'ai adopté un rythme très lent mais régulier. Cinq heures et demi de marche tout-de-même, dans un sentier parfois à flan de falaise.
Bien entendu, personne ne m'a forcé à aller souffrir dans ce chemin. Mais sans cela, aurais-je connu le vrai Pérou des champs, perdu au fond des montagnes? (Et encore, on peut bien-sur trouver plus isolé.) Se forcer un peu, cela offre des récompenses.
Justement, alors que la montée paraissait interminable, que le soleil s'approchait de son zénith, que la montagne semblait grandir à chaque fois que nous pensions arriver au sommet, une nouvelle récompense allait nous être offerte.

Depuis 5 heures, tout en marchant, nous scrutions le ciel et la montagne à la recherche d'un condor, et rien. Pourtant, tous avaient dit: "au lever du jour ou en soirée".
Et là, à l'heure où le soleil atteignait sa plus haute place, à la seconde même où nous arrivions enfin sur le plateau, un gros oiseau est passé silencieusement au-dessus de nos têtes. Sans un battement d'ailes, il a tourne autour de nous, puis est allé gratter la falaise pour reprendre de l'altitude. La chaleur et les vents l'ont renvoyé haut dans le ciel, toujours sans qu'il n'ait besoin d'un effort. Il est repassé devant nous, au-dessus de la vallée.
A l'instant où nous le perdions de vue, Antoine me disait de me retourner. Là, à quelques mètres de nous, une mini tornade soulevait de la poussière vers le ciel. Elle a suivi un chemin sur plusieurs mètres avant de s'estomper elle-aussi... Pas un souffle d'air, ni avant, ni après!

Pour l'oiseau, pas de doute possible. La forme des ailes, les parties blanches, la majesté du vol: c'était bien le Roi des oiseaux des Andes, c'était bien un Condor. Peut-être pas totalement à taille adulte, mais un Condor quand même. Notre Condor, pas un de ceux qui se contentent de la nourriture offerte par les touristes au mirador... Quant à la tornade?


Note : dans Tapay, ce petit village que vous pouvez voir sur cette photo, l’école accueille tout-de-même 21 élèves. Ils y vont de 8h30 à 13h30, avant de rejoindre la famille aux champs ou de garder les moutons, par exemple…



samedi, octobre 17, 2009

Perou II - Nasca et la Panamericana

En route depuis Lima vers Nasca par le fameuse route "Panaméricaine" (route légendaire longeant plus ou moins le Pacifique du nord au sud), depuis le second étage de mon autocar grand tourisme (avec repas servi à bord par une hôtesse), depuis mon petit luxe bien protégé, je suis effaré par ce que je vois.
Bien-sur, je m'attendais à un niveau de vie assez bas, à quelques bidonvilles. Mais je ne m'attendais pas à cela. Pas à ce point. Pas à ce que la grande majorité des habitants de cette cote pacifique péruvienne vive dans de petits abris de bric et de broc, avec souvent trois semblants de murs, parfois quatre, mais rarement de vrai toit (généralement une vulgaire toile, au mieux des matériaux de recup.)...

Ce fut d'abord la traversée de Lima. Après la prise en charge dans la gare routière "Cruz del Sur" ultra-moderne, sur-gardée, où les bagages sont consignés comme par une compagnie aérienne et les passagers filmés une fois assis, ce sont 20, 30 minutes à travers l'agglomération avant que la densité ne se calme un peu. Ce Lima qui confirme ce que ma petite expérience de la veille m'avait fait comprendre: la partie fréquentable par le touriste, même animé des meilleurs intentions, ne représente qu'un petit point sur la carte de cet immense bassin de pauvreté.



Puis arrive le désert, recouvert le long de cette Panamericana de petites baraques de trois fois rien, des ruines, sur des terrains de quelques mètres-carrés scrupuleusement délimites par des pierres ou un trait de peinture...
Les villes et villages traversés ne sont guère mieux: les mêmes modestes ruines, mais entassées les unes contre les autres. Devant, quelques hommes bricolent, quelques femmes attendent le client, des gamines de 14 ans trainent sans but, enceintes jusqu'au cou si elles ne sont pas déjà affublées d'un mouflet.




J'étais parti avec l'idée de louer une moto quelques jours, peut-être à Arequipa mais surtout à Cusco. Je n'ai pas encore arrêté de décision, mais à voir la pauvreté d'ici, je peux abandonner l'idée (reste à voir si ce sera différent dans la montagne).
Ce n'est pas l'idée de conduire au milieu de ces fous qui me dérange (toute priorité ou stop n'existe pas): je sais que je peux être aussi téméraire qu'eux, il suffit juste d'oser. Non, le problème serait plutôt de devoir s'arrêter. Imaginez une panne le long d'un de ces bidonvilles: ce n'est pas quatre gamins qui en sortiraient, mais sans doute des dizaines qui, en quelques minutes, me débarrasseraient de la moto, de mes "dineros", de mon appareil-photo et du reste, histoire d'améliorer leur quotidien pendant quelques jours...


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- A Lima, j'ai vu une manifestation chaque jour. Mais aussi des policiers anti-émeute jamais très loin, repoussant plus ou moins calmement les contestataires une fois que la plaisanterie a assez duré. Tourne aussi autour de la Plaza Mayor un vieux camion blindé équipé de lances-à-eau, d'au moins 40 ans, qui rappelle des heures plus sombres de l'histoire de ces pays...

- Sans doute en quête de liberté d'expression, les Péruviens avec qui j'ai discuté m'ont toujours branché politique: "Que penses-tu de la politique dans ton pays? Ça marche comment, la démocratie, en France? Il y a des manifestations aussi, chez toi?" Par contre, pour leur faire parler de leur pays, c'est plus difficile.

- Fujimori (Président du Pérou de 1990 a 2000, destitué, exilé puis arrêté, vient d'être condamné à 25 ans de prison pour, entre autres, violations des droits de l'homme - arrestations et exécutions arbitraires -) a toujours de nombreux supporters, alors que nous, Français, le classons parmi ces nombreux politiciens corrompus et autoritaires (théoriquement socialiste ?) dont l'Amérique du Sud a toujours été pourrie. Toujours est-il qu'on voit des slogans "Fujimori innocente" pendant 200 kms le long de la Panamericana!


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Nasca est une petite ville connue pour faire une étape. Rien à voir (aucun immeuble historique ou vieille petite maison), si ce n'est les petits commerces, restos, mais surtout les différentes attractions, toutes basées sur les fameuses "lignes".

Le survol en avion, c'est inévitable. Bien-sur, c'est l'industrie pour touristes, mais comment faire autrement?
Même si on peut découvrir aussi bien les "lignes" depuis des photos ou des bouquins, cela reste des images mythiques que nous avons tous en tête et qu'il serait dommage de ne pas avoir vu "en vrai" tout en passant dans la région. Au moins pour pouvoir le dire...
Coté avions, il y a toute la gamme Cessna. Depuis le Grand Caravan moderne jusqu'au vieux 185 train classique, celui qui m'a amené (sans doute le plus vieux du terrain).
Les vols en bétaillère s'enchainent, les virages serrés à basse altitude autour des différents dessins aussi. Faut aller vite pour prendre des photos, qui ne seront d'ailleurs que de simples photos-souvenirs (vous en trouverez de plus belles sur le Net)...




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Jeudi: coup de blues...

Tant qu'il ne vous est jamais rien arrivé, vous ne connaissez pas la peur. Depuis que j'ai fait les "100 mètres de trop", je me rends compte que j'ai quand même un petit coup au moral.
A Lima, je n'ai pu retrouver la tranquillité. Une fois dans le bus, où l'on se sent protégé, cela s'est calmé et l'arrivée à Nasca m'avait laissé une impression un peu meilleure.
Que nenni! Depuis ce matin (et mis à part l'aeropuerto), impensable de sortir l'appareil-photo. Le centre-ville ayant l'air calme (et moins pauvre à l’extrême), je m'y balade un peu mais tourne vite en rond.

Apres avoir mangé un menu dans un resto très correct (donnant sur la Plaza Mayor), le serveur me met en garde:
"Vous avez vu l'homme qui s'est assis à la table à côté et est reparti sans manger? Il surveillait votre sac. Il est repassé plusieurs fois devant et il ne doit pas être le seul à vous avoir repéré.
- Ah, bien, merci. Et comment je fais, moi, maintenant? Je reste ici toute l'après-midi?
- Non, vous pouvez sortir, mais accrochez bien votre sac-à-dos. Et prenez un taxi.
- Même pour aller au musée, à 300 mètres?
- Si, si, prenez un taxi, c'est seulement 2 soles et c'est plus prudent..."

Le serveur m'a accompagné et a appelé lui-même un taxi. Moi qui adore marcher des kilomètres, me voici obligé de rouler en taxi pour quelques centaines de mètres!
Pourtant, des touristes, il y en a plein, ici. Mais peu sont seuls; en groupe, sans doute risque-t-on moins. Quant à moi, je ne pensais pas faire à ce point la cible idéale...

Je commence à m'inquiéter vraiment pour la suite du voyage. Je sais déjà que je ne pourrai pas faire exactement ce que je voulais faire. En tout cas, pas tout seul.
J'en ai même honte, mais l'idée m'est passée par la tête de l'écourter! Non, ce n'est pas le mal du pays; en général, c'est plutôt en France que j'ai le mal du pays; enfin, des autres pays... ¡Tellement souvent, j'aimerais être en Espagne!
Eh bien voici que je ressens la même chose, alors que j'accomplis un voyage de rêve et que je devrais, au contraire, en profiter à fond.
Du coup, j'ai choisi de me réfugier à l'hôtel et d'écrire ces lignes, en attendant l'heure où un taxi (encore!) m'amènera à la station de bus toute proche, mais difficilement accessible de nuit.
On m'a promis qu'Arequipa était une ville calme, que la mentalité de la montagne était différente. Je l'espère. J'espère que j'y retrouverai le moral et l'envie de visiter, découvrir et profiter.

Note : Nasca et les villes du désert côtier semblent être les villes des grosses voitures américaines. Plus pourries les unes que les autres (mais au bruit toujours magnifique), les Gran Torino (cf « Starsky et Hutch »), entre autres, se dérouillent un peu quand leurs propriétaires ont de quoi les nourrir, ou servent simplement de points de ralliement et de discussion autour de l’autoradio. Parfois, vous verrez passer une de ces américaines remplie de jeunes bourrés ou shootés, conduite n’importe comment, semer la terreur sur sa route comme on le voit dans tous les films américains. Sauf qu’on n’est pas au cinéma…


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Passons sur le voyage en bus Nasca - Arequipa. Cette Panamericana est vraiment terrible, au sud de Nasca. 400 kms: 9 heures... Et encore, ça roule mieux de nuit, tant que les camionneurs dorment.
Je viens de discuter avec un étudiant français qui m'a donné une nouvelle rassurante: il a déjà passé deux mois en Equateur puis au Pérou et n'a jamais connu le moindre problème. Le souci doit donc venir de moi, de ma tête de gringo et de mon sac-à-dos! D'ailleurs, j'aurais mieux fait de laisser le Nikon à la maison. Vu le peu de fois où je peux le sortir, un petit compact aurait largement suffit, aurait été moins visible et lourd et fait d'aussi bonnes photos...


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Bonne nouvelle: Arequipa a effectivement un centre-ville très sympa qui me redonne goût au Pérou. Mais restons prudent tout-de-même. J'ai demandé au gardien de l'hôtel où je pouvais déambuler et où je devais m'arrêter. Cela représente environ un rectangle de 8 rues sur 5 rues, au milieu d'une ville de 600 000 habitants.
Bref, nous sommes bien protégés tant que nous restons dans nos prisons dorées.

@ suivre !


vendredi, octobre 09, 2009

Perou I - Lima : des hauts et des bas


Signes...


Dans la voiture en route pour Lyon "St-Exupery", France Inter diffuse un sujet sur le site "couchsurfing" mettant en relation les personnes ayant un canapé disponible et celles souhaitant en profiter. Dans son exemple, la journaliste dit: "Que vous alliez à Lima, à Tokyo ou en Inde..."; eh bien oui, justement, je vais à Lima!

Quelques minutes plus tard, les infos de 13 heures de ce dimanche 4 octobre débutent par une chanson de Mercedes Sosa: "Gracias a la vida"...
La semaine dernière, en préparant mon voyage, je voulais m'amuser à créer un "diaporama d'anticipation", à base de photos prises avec Flight Sim en imaginant comment allaient se dérouler mes vols prochains. Quand il s'est agit de le mettre en musique, j'ai immédiatement pensé à Mercedes Sosa et, bien entendu, à "Gracias a la vida" qui fait partie de ces chansons qui me reviennent en tête régulièrement.
Sosa était un peu l'emblème de l'Amérique du Sud, et sans doute la seule chanteuse de variété populaire que j'en connaisse. Qu'elle disparaisse le jour de mon premier voyage vers ce continent est, pour moi, une nouvelle ironie du sort.

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C'est la septième fois que je passe par l'aéroport de Madrid-Barajas et, comme la première, je suis toujours autant émerveille.
Le T4 (et son T4S) est immense, spacieux, aéré, bien conçu... Quand on connait un peu certains aéroports français (ADP en particulier), il y a vraiment de quoi faire un complexe d'infériorité. Tout est simple, clair, d'une propreté impeccable. Personne ne s'y marche sur les pieds, alors que les vols s'enchainent sans cesse sur ses quatre pistes... A coté, Roissy a vraiment une ère de retard!

Business is business.

Au moment de présenter ma carte d'embarquement pour accéder à la passerelle et au Boeing 767, un biiiiip retentit, plus long que pour les passagers me précédant. Aie, les ennuis commencent...
" Ka-mousss... No esta en la lista!
(La collègue du comptoir voisin regarde.) - Si, si, mira..."
Elle lui dit rapidement un truc... L'hôtesse raye alors mon numéro de place "26A" et le remplace par un "2D" d'un coup de griffe.
" Viajara en Business.
- Ah? Euh... ¡ Muy bien! Gracias..."

Quand j'ai vu le siège qui allait accueillir mon fessier pendant douze heures, je me suis senti tout con. Vraiment pas à ma place. Il devait bien y avoir un mètre entre mes genoux et le siège devant moi!
Alors que mon voisin carburait déjà au Champagne, j'ai été surpris lorsque, à peine assis, une charmante hôtesse m'a demandé ce que je voulais boire. Tellement pris de court que je n'ai réussi qu'à bredouiller "jus d'orange" dans un mélange anglo-espagnol lamentable, alors qu'il y avait toutes sortes d’excellents whiskies, cognac, vins...
Décollant à plus de minuit, je craignais qu'il n'y ait pas de repas à bord et que ce soit "extinction des feux". En fait, ce fut là-aussi très classe, avec choix du menu à la carte et vin servi comme dans un grand resto: "Ce Malbec vous conviendra-t-il?"


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Je viens de manger un petit "menu del dia" dans le quartier dit "Centro" de Lima. Tous les restos se ressemblent, j'en ai choisi un par coup de coeur: il n'y avait que des minettes pour servir et cuisiner.
5,5 soles le menu (petite entrée + plat, très bon d'ailleurs) et 4 soles la bière (630 ml), soit environ 3 euros.

Ici, où que je regarde, tout est bancal! J'aimerais prendre en photo la peinture du plafond comme des murs; j'aimerais prendre en photo la crasse sur chaque lampe et chaque publicité de bière; j'aimerais prendre en photo cet interrupteur, là, juste au-dessus de moi, dont les fils mal raccordés sont noirs de poussière grasse; j'aimerais vous montrer tout ce jeu de miroirs qui entourent la salle: tous fêlés, tachés voire complètement déformés... J'aimerais, mais je n'ose pas. Je n'ose pas sortir l'appareil, de peur que cela soit mal interprété, qu'ils imaginent que je me moque d'eux ou que je les méprise...
Pourtant, j'adore! J'adore ces "défauts" omniprésents, ce sol bringuebalant et couvert de chewing-gum, de taches, de carreaux casses. J'adore ce bricolage permanent, dans les moindres détails. Je voudrais les photographier, non pas avec dédain, mais au contraire pour me souvenir de tout, ramener chez moi des morceaux de cette Amérique du Sud passionnante dont j'ai tout à découvrir. Mais je n'ose pas...



Photographier le centre historique et sa Plaza Mayor, c'est facile. Il y a au moins deux policiers à chaque carrefour et tous les 20 mètres dans chaque rue. Bref, dans le centre, on ne risque pas grand chose et les photos ne dérangent pas vraiment, ils n'y font plus attention.
Par contre, l'intéressant se trouve dès qu'on s'éloigne un peu des quelques rues indiquées dans le guide. Après les avoir quittées, j'ai vite du ranger l'appareil dans le sac. Oh, je ne sais pas s'il me serait arrivé quelque chose, sans doute que non... Mais c'est une tentation bien forte pour tous ces gens qui vivent de peu, et surtout de petits trafics en tout genre, de commerce parallèle, voire pire.
Alors voila, j'ai encore été incapable de prendre en souvenir ce que j'aurais voulu. Pourtant, il faut parfois le voir pour le croire!

D'abord, le quartier des gares routières. Chaque compagnie a sa gare, présentant ses autocars au confort très varié, depuis "l'Economico" jusqu'au Royal-machin-truc impérial avec couchettes et hôtesse.
Puis le quartier des mécanos. Ici, pour celui qui ose, il y avait de quoi faire une expo! Plusieurs rues dédiées exclusivement aux petits garages, aux réparateurs "spécialises" (ici les carbus, là les moteurs, ailleurs les transmissions, etc.), aux vendeurs de pièces de récupération. Parfois plusieurs "réparateurs" se mettent sur un même moteur, cherchant le bruit encore plus suspect que les autres...



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Maintenant, je sais.
Autre jour, autre balade. Ayant tourné et re-tourné dans tout le quartier du centre touristique, je me suis éloigné un peu. Pas aussi loin que la veille, pourtant.
En souhaitant faire un tour dans les "Barrios Altos", où il est indiqué dans le guide qu'il se trouve la "Punta Heeran, bel ensemble homogène de demeures coloniales avec jardins", j'ai traversé un autre quartier de la bricole: les étagères. A suivi le quartier des sacs: de voyage, a dos, a main... que des magasins de sacs.
Au bout de la rue, j'ai aperçu une église assez dominante, j'ai souhaité pousser jusque là. J'ai vu mon dernier policier en traversant le carrefour puis, en quelques mètres, les magasins ont disparu. Rien de grave, il n'y a que quelques petites vieilles papotant sur le pas de leurs portes: aucun risque. Pourtant, sans m'en douter, j'ai du faire 100 mètres de trop. J'ai compris quand j'ai vu quatre jeunes sortir de nulle part et l'un d'eux me dépasser en courant. Trop tard, un autre essayait déjà de s'agripper à ma pochette de ceinture.
Des gamins de quoi... 15, 16 ans? L'un a montré un revolver, doré, très joli mais peu crédible, puis ils ont essayé de me trainer dans un passage. Heureusement, ce n'était pas encore de vrais durs, il leur restait à apprendre. Mais enfin, contre quatre ados dans la force de l'âge, il a fallu résister un moment.
J'ai crié "policia" très fort, plusieurs fois, mais celui que j'avais croisé au carrefour 100 mètres plus bas n'a pas montré le bout de son nez. Finalement, ce sont des femmes qui sont sorties et ont éloigné les gamins, me poussant dans un taxi (gros coup de chance d'en trouver un à cet endroit). J'en suis quitte pour une ceinture rallongée d'un cran...
Bref, quand le premier chauffeur de taxi, celui de l'aéroport, me disait "il y a des frontières à ne pas dépasser", son avertissement n'était pas des paroles en l'air. Le problème, c'est de les repérer, ces frontières; car parfois un coté d'une avenue peut être fréquentable, l'autre non.

Ces merdeux, je ne leur en veux même pas. Après tout, ont-ils le choix de faire autre chose pour vivre? Sans doute pas. Ils sont nés 100 mètres trop loin, voila tout. Et encore, eux sont plus proches de la "frontière" qui se déplace petit à petit. Je n'ose pas imaginer la vie de 95% des huit millions d'habitants de cette agglomération gigantesque. Ces 95% qui sont dans le même cas que mes "ladrones", mais encore plus loin du centre, là où il n'y a même pas de touriste à dépouiller.
Comme disait mon "sauveur de taxi":
"Perú est un pays qui croît trop vite. Ceux qui travaillent comme moi ne peuvent pas suffire à faire vivre tous ceux qui n'ont rien à faire..."




jeudi, octobre 01, 2009

Quelques photos de retard

JP 09 : Château de Parentignat


Centenaire du Viaduc des Fades: "Diacomédie" aux Ancizes


Pas simple, la photo de spectacle en faible lumière, mais exercice amusant...