mardi, avril 12, 2005

Auprès de mon arbre...

"Auprès de mon arbre, je vivais heureux,
J'aurais jamais du m'éloigner d'mon arbre...
Auprès de mon arbre, je vivais heureux,
J'aurais jamais du le quitter des yeux! "

Souvenir de cet hiver vigoureux.
Par une après-midi un peu moins bouchée que les autres, mais avec un vent du nord glacial et une température entre -10 et -15°C, j'étais allé faire quelques kilomètres à pattes. Histoire de sortir l'appareil-photo et de prendre des souvenirs de ces énormes congères qui allaient bien finir par fondre, un jour ou l'autre...

Le long de ce même chemin, là, partiellement bouché par une congère impressionnante, aux formes sculptées par le vent, il y avait un arbre. Il n'est pas sur la photo, il était derrière moi, une centaine de mètres plus tôt, trônant sur un talus et dominant un immense panorama.
Vieux, imposant, fort et presque intemporel, cet arbre m'avait inspiré confiance. Je m'étais alors assis à côté de lui, sur le talus, dans une neige dont mes baskets ne trouvaient pas le fond.
J'étais resté là longtemps, à regarder ce paysage, vers l'Est. Au bout d'un moment, je ne faisais plus attention au vent glacial ou à la neige sous mon jean's et dans mes chaussures. Je pensais à plein de choses, j'étais tranquille et peinard, personne ne m'attendait nulle part. La vie "cool"...




Ce matin, je suis allé faire le tour du Puy de Saint-André.
L'hiver est parti (quoique... 4° seulement, on peut en douter!), les congères ont fondu, les arbres ont refleuri.
Au retour, j'ai cherché "mon" arbre. Il n'y était plus.

Cet arbre si costaud, ayant résisté aux tempêtes, aux hivers exceptionnels ou a quelques canicules, n'a pas su résister aux paysans du coin qui devaient trouver qu'un arbre, le long d'un chemin, ça gêne, sans doute.
Pourtant, il ne doit pas y avoir un seul vieux paysan qui ait vécu tant d'années que cet arbre, et qui fut aussi solide. Mais voilà, c'est comme ça, on a arraché les haies, on a supprimé des chemins pour agrandir les champs, on coupe les arbres qui font perdre quelques ridicules petits mètres-carrés...

Je regrette de ne pas l'avoir pris en photo, "mon" arbre. Au moins l'aurais-je immortalisé...
Mais comment pouvais-je deviner que les soi-disant "jardiniers du paysage" allaient arracher la touche indispensable qui donnait à ce coteau tout son charme et son caractère?
" Auprès de mon arbre, je vivais heureux,
J'aurais jamais du le quitter des yeux... "

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