mercredi, août 17, 2005

Ca plane pour moi

Ca faisait longtemps que ça me tentait.
Essayer le vol à voile, apprendre à voler comme un oiseau, sans moteur.
Découvrir d'autres machines, une autre façon de piloter, réapprendre les bonnes bases...

Mais bon voilà, quand on gagne 1500 Euros par mois, on ne peut pas tout faire. Il faut faire des choix.
D'autant plus que le club sympa de planeur, là où je connais déjà quelques pilotes, il est à Brioude, à 60 kms de mon bled paumé.
Ca faisait donc longtemps que ça me tentait, mais aussi longtemps que je repoussais.

Lundi matin, en prenant le petit-déj sur la terrasse, chez mes parents dans le Cantal, j'observe une belle buse qui spirale.
Sans donner le moindre battement d'ailes, elle tourne, monte, tourne et monte encore, jusqu'à atteindre la base des cumulus.
Elle ne fait pas ça pour manger, ni pour battre un record, non non. Elle semble se faire plaisir, et c'est tout.

Et si c'était pour aujourd'hui?
Ni une ni deux, j'appelle Coraline, colibriette membre du club de Brioude. Pas joignable, j'appelle Michel, pilote d'avion et de planeur, remorquant régulièrement à Brioude, lequel me file les numéros de Philippe Rodier, colibri, seul et unique moniteur.
Très disponible, le rendez-vous est donc pris pour le soir même...

Brioude: plate-forme sympa. Camping sur place, resto; pas dérangé par grand monde et ne dérangeant pas grand monde.
Quelques Belges ou Hollandais passent leurs vacances ici, entre camping-car et planeur. Philosophie qui me plaît déjà.
Philippe m'accueille et m'amène au planeur bi-places alors qu'un autre de ses élèves s'y installe. Pendant leur vol, je discute avec un jeune breveté passionné qui me conforte dans l'idée que j'ai choisi le bon club.

A mon tour de m'installer à l'avant de cette belle machine, inconnue pour moi.
Le remorqueur vient se placer, le câble est tendu, et c'est parti!
Déjà, suivre l'avion-remorqueur n'est pas tout simple. Je n'ai jamais été très bon à Combat Flight Sim...
Puis c'est le largage. Et là, le bonheur commence...

Un doux bruit d'air, et c'est tout.
Philippe nous emmène sous un cumulus et essaie de me faire ressentir la pompe qu'on accroche. Pas facile, mais le vario ne laisse pas de doute: ça monte, ça monte! Les spirales sont douces: 30°, 40° parfois, et Philippe me laisse petit-à-petit les commandes.
On quitte une pompe pour aller en chercher une autre en prenant de la vitesse. En chemin, Philippe me démontre le lacet inverse et l'utilité des pieds, tellement plus importante que sur mes avions à moteur. Ca ne va pas être du gâteau, de devoir réapprendre tant de choses... mais ça va être d'autant plus intéressant et passionnant!
On spirale, on monte de nouveau, jusqu'à se rapprocher (à distance réglementaire) de la base des "gromulus".
Après tous ces virages, être désorienté doit être fréquent; heureusement, je connais bien la région et retrouve vite mes repères.

"- Tu veux traverser la plaine pour qu'on rejoigne ces nuages, là, de l'autre côté?"
Allez c'est reparti, on prend de la vitesse, on glisse à 140 km/h tout en traversant la "Petite Limagne". Pour tout ça, on aura perdu environ 250 mètres d'altitude, seulement.
"- Hep! Chef! Un oiseau, là, à droite!
- Tu veux qu'on le suive? Allez vas-y, suis-le..."
Le gros rapace choppe une pompe, et on l'accompagne. C'est tout simplement génial. Nous volons de concert avec l'oiseau, nous tournons ensemble, nous montons ensemble.
La nature. LE vol.

Alors que je suis l'oiseau des yeux, mais qu'il monte bien mieux que nous, je remarque que ce sont en fait 10, 15, peut-être 20 rapaces qui tournoient au-dessus! Ils montent jusqu'à rentrer dans les nuages, on en voit carrément disparaître quelques-uns.
C'est fabuleux.

A cet instant, la décision est prise. Qu'importe si c'est difficile, qu'importe si je me ruine et m'occupe moins de la maison. Tant pis pour le reste, je DOIS apprendre à maîtriser cette machine, je DOIS apprendre à voler comme un de ces magnifiques oiseaux.

Lors, on laisse les oiseaux et on commence à rejoindre le terrain. Je découvre l'usage des aérofreins, je découvre la descente un peu forte qui peut faire bobo à la n'oreille, j'admire la manière dont Philippe fait glisser son planeur à quelques centimètres du sol, jusqu'à ce que le hangar se rapproche et qu'il soit nécessaire de poser la roue et de caresser les freins, à peine...
Et voilà. Pfiou...

Je ne sais pas pour vous, mais moi, ce vol m'a fait plein de trucs bizarres.
Ce contact avec la nature, ce vol en compagnie d'un oiseau, cette impression de faire corps avec les éléments...
Quand je suis rentré chez moi, j'ai été pris d'une grosse envie de faire l'amour.
Le retour aux sources, sans doute. Le mythe de l'homme-oiseau, l'instinct...

La suite, c'est pour vendredi, s'il fait un temps à mettre un planeur dehors.
En plus, il y a rascol à Brioude, ça tombe bien.
Alors @ bientôt, pour de nouveaux vols naturels, des vols essentiels.

http://brioudeclub.free.fr/

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bravo pour cette initiation.

J'ai pour ma part effectué mes premiers vols d'élève pilote sur CAP 10 à Brioude et Issoire en 1974.

Pour m'aider à dompte le mal de l'air mes moniteurs m'ont fait découvrir le planeur à Moulin. Merveilleuse sensation renouvelée quelques années plus tard (1981) à Vinon sur Verdon à bord d'un Twin Astir.

Maintenant je me console avec le modélisme, mais les sensations ne sont pas aussi pures et intenses…

Bons vols,

Marc LE BRET

Anonyme a dit…

Joli billet, entièrement d'accord avec tout ce que tu as dis.
Je suis élève pilote planeur, avec 7h de vol (seulement, je sais) derrière moi, et j'ai trouvé ça aussi carrément magique...
J'ai commencé dans les Alpes du sud, et suivre les oiseaux, je confirme.. c'eest magique :)

Bonne continuation, et vive le vol à voile :)

Anonyme a dit…

Bonjour et bravo pour votre blog.
Et bonne continuation dans votre formation.

Mon (modeste) retour d'expérience avec le recul sur mes débuts :
surtout ne pas lâcher l'affaire, voler, voler maisvoler "intelligent", persévérer, le cul en l'air dés que possible, même dans des temps merdiques, faire le crevard du dernier posé, accumuler les expériences et les heures,
faire preuve d'humilité et ne pas jouer au plus malin (enfin pas trop ;0).

Le vol à voile a transformé ma vie. Ni plus ni moins.
C'est "du concentré de sensations" : joies de finir le circuit, euphorie d'enrouler un 5m/s, émerveillement sur les paysages, la solitude, le silence, la glisse pure, "rider" la pente,
adrénaline en arrivée et aussi des moments d'échec, de doutes, de grande peur parfois et
de colère sur ses propres conneries souvent. Des hauts et des bas, au propre comme au figuré.

Mais, à chaque vol, le vol à voile offre une sensation renouvelée, celle de se sentir... vivant.

bons vols and "look out"