vendredi, novembre 20, 2009

Perou VII (et FIN !): Machu Picchu

Retour dans le « Pérou des champs »…


(Note : si vous commencez votre lecture, mieux vaudrait débuter par « Pérou I », tout en bas… Certaines photos sont « cliquables » et donnent accès à la galerie correspondante. Bon courage !)


Dernier week-end. Départ le matin en bus « collectivo » pour Ollantaytambo. Parlons un peu transports

Dans le haut de gamme, on trouve les bus de ligne type « Cruz del Sur », au service digne d’une compagnie aérienne ; transporte essentiellement des touristes. En-dessous, on a des bus de ligne toutes distances, avec plusieurs niveaux de confort. L’entrée de gamme, clairement destinée aux Péruviens, permet de voyager à peu près partout pour vraiment pas cher ; par contre, confort limite, surcharge, risque de vols…

Les voitures particulières sont très rares. Ici, c’est bus, « collectivo » ou taxi. Les vrais bus de ligne partent (à peu près) à l’heure, souvent de terminaux centralisés (« terminal terrestre »). Les « collectivos » sont des minibus qui partent (généralement depuis un terminus pour chaque entreprise) une fois qu’ils sont suffisamment pleins. Parfois, comme ce matin, ils ne partent que totalement pleins… Enfin, je croyais ! Car en cours de route, succession d’arrêts et on charge, on charge encore. Couloir plein, porte qui ne ferme plus : ce n’est pas grave, tant que ça roule !

Au moins, ça, c’est sympa. Oh bien-sûr, on reste un gringo, mais un gringo qui prend le collectivo est déjà un moins mauvais gringo. Parfois, quelqu’un s’intéresse à toi, te demande d’où tu viens… Puis, si le courant passe, te pose des tas de questions sur ton pays, ton argent, ton travail et le reste, comme avec cet élève de Pisac sortant de l’école ou cette jeune fille qui, après quelques questions-réponses, dira un « cuidate » (prends soin de toi) qui, même si c’est une formule habituelle, fait chaud au cœur. Au moins pour ces deux-là aurais-je redoré le blason des gringos !


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Ollantaytambo est, d’après le Routard, le dernier village à avoir gardé la disposition exacte du village inca. Les ruelles n’ont pas changé, les bases des murs sont les mêmes, les pavés et les rigoles aussi. Rues parfaitement rectilignes, espacement régulier de l’une à l’autre, c’est tout l’inverse de nos villages moyenâgeux français.


Au-dessus domine une forteresse, l’une des dernières à avoir résisté aux Espagnols alors qu’elle n’était même pas achevée. Encore un joli site inca, intéressant pour ressentir le niveau technique et l’organisation rigoureuse de ce peuple dont, hélas, tout le savoir a été perdu par la conquête espagnole…



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Perurail. Compagnie ferroviaire revendue à la compagnie internationale de « l’Orient Express »… De Cusco, deux lignes.

L’une à destination de Puno : Perurail a supprimé les trains de passagers standards pour ne créer qu’un service de grand luxe pour touristes fortunés.

L’autre ligne a pour destination essentielle « Aguas Calientes », même si certains trains vont plus loin. Aguas Calientes est une ville coincée au fond d’une profonde vallée, n’est desservie que par le train, mais est surtout le point de départ du chemin montant au Machu Picchu. Le train y est donc le seul moyen de transport (même s’il est possible de trouver un autre itinéraire par Santa Maria, mais prenant une journée de trajet), c’est sans doute pour cela que la compagnie Orient Express a bien compris l’intérêt de racheter la ligne. Un aller-retour Cusco – Aguas Calientes coûte donc environ 82 $ pour le service le moins cher…


Aguas Calientes est vraiment un bout du monde, construit autour de la ligne et de sa gare, consacrée uniquement au tourisme pour Machu Picchu. Une rue principale, des hôtels et restos partout, un immense marché artisanal et une armée de minibus faisant la liaison avec le site tant convoité (moyennant une cinquantaine de Soles l’aller-retour).

Comment aurais-je pu venir au Pérou et ne pas visiter Machu Picchu ? Cette ville perdue, oubliée pendant des siècles ; ce fantasme des cités perdues devenu réalité… Les Mystérieuses Cités d’Or, Esteban, Zia, Tao…


Voyant la fin du séjour approcher, j’ai préféré faire une croix sur quelques jours à Lima (« la capitale la plus laide l’Amérique du Sud », dixit une copine globe-trotteuse) et prolonger Cusco. De plus, au lieu de me taper 20 à 22 heures de bus pour rallier Lima, j’ai acheté un vol en A 319 qui me prendra une petite heure. J’allais donc pouvoir terminer ce voyage en beauté ! J’aurais aussi pu choisir de faire le « trek du Chemin de l’Inca » à pied. J’aime marcher, mais ne pas perdre trop de temps… Là, cela aurait été trois ou quatre jours de marche (et 300 $ d’agence).

Comme je voulais quand même « mériter un peu mon Machu Picchu », je me suis levé alors qu’il faisait encore nuit pour attaquer à pied le chemin vers la cité oubliée, avant que ne démarrent les premiers bus. C’était un peu mon calvaire, ma pénitence pour espérer être récompensé par un beau ciel bleu sur ces ruines mythiques. Comme souvent, Il m’a exaucé.


Quant au site lui-même, je laisse parler les photos. Le lieu est magique, absolument insoupçonnable depuis la vallée. La végétation tropicale de la région le cache comme elle l’a protégé pendant des siècles ; on comprend que les Espagnols ne l’aient jamais découvert !



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En conclusion…


Je ne peux pas dire que j’ai été déçu (je n’aurais pas le droit de l’être : on prend un pays comme il est !), mais il est vrai que j’ai été surpris. Pas grand-chose ne ressemble aux images que j’avais en tête…

On parle d’inégalités en France, ou de difficultés au travail ? Que l’on vienne donc voir un de ces nombreux pays, comme le Pérou, où les inégalités sont vraiment immenses. En arrivant à Madrid, les patrons du petit hôtel s’étonnaient que j’aie passé trois semaines seul au Pérou (ce n’est pourtant pas grand-chose, à côté de ceux qui passent des mois à faire le « routard »). L’un d’eux m’a dit : « bienvenue dans un pays « normal » et civilisé… »

Bien-sur, je n’ai pas apprécié l’insécurité permanente du « Pérou des villes » et du « Pérou de la côte » (Lima, Nasca…). Bien-sûr, je n’ai pas aimé devoir surveiller à chaque instant mes arrières ; je n’ai pas aimé non plus prendre un taxi en me demandant « et celui-ci, est-ce un vrai, ou va-t-il m’amener en banlieue me faire dépouiller ? » (oui, ça arrive et il est recommandé de demander à un policier de choisir le taxi, ou de le faire appeler depuis l’hôtel).

Il est vrai aussi que j’ai eu ras-le-bol du démarchage excessif des touristes, même s’il est tout-à-fait compréhensible au vu des immenses besoins des Péruviens. Mais quelques milliers de touristes suffiront-ils à aider les millions de Péruviens qui n’ont guère d’espoir de développement ?


A côté de cela, j’ai vu des paysages grandioses, des cieux d’une grande pureté. J’ai visité des sites magiques, preuves des richesses intellectuelles immenses de ces civilisations disparues, dont les Péruviens d’aujourd’hui sont pourtant les descendants.

J’ai rencontré des routards passionnés venant de pays variés ; j’ai apprécié l’accueil franc, naturel et chaleureux de cette famille de Tapay. J’ai aimé les contrastes de ce pays, les villes où cela grouille et court dans tous les sens, les campagnes où l’on prend tout son temps. J’ai adoré ce petit bout d’Amérique du Sud, ce continent qui, pour nous, semble être vraiment un autre monde, où tant de choses sont différentes, où tout est bricolé, rafistolé, trafiqué, où d’autres pays m’attendent avec tant à découvrir.

Pour conclure, j’emprunterai les mots des rédacteurs du guide du Routard :

« L’Amérique du Sud est l’un des rares endroits où le mot « aventure » ait encore un sens. C’est à la fois une aventure personnelle et une expérience importante, mais de toute façon ce n’est sûrement pas ce que vous avez imaginé, et c’est pour cela qu’il faut y aller… »



3 commentaires:

pat a dit…

Magnifique!

LJ35 a dit…

Merci pour ces récits très intéressants et ces belles photos !

Singrid a dit…

J'ai bien aimé tout les récits et le ton coloré et personnel
De ceux- ci.
Cela donne le goût d'y aller vivre ces expériences.
Singrid